La situation est restée tendue ce weekend en Corse, notamment à Bastia où la manifestation de soutien à Yvan Colonna a dégénéré dimanche 13 mars en "émeute", selon le procureur de la ville. Selon un dernier bilan, communiqué par le procureur, ces échauffourées ont fait 102 blessés, dont 79 membres des forces de l'ordre.
La Gendarmerie n’était pas en mesure de détailler le nombre de gendarmes blessés parmi ces derniers, mais au moins "un gendarme a été molesté par les manifestants", a expliqué la préfecture de Haute-Corse dans un communiqué. Elle ajoute que les attaques ont été d’une "violence extrême", les émeutiers tirant "à de nombreuses reprises à la carabine à plomb sur des membres des forces de l’ordre. Un policier a été touché alors qu’il se trouvait de dos". Les forces de l’ordre ont en outre été la cible de nombreux jets de cocktails molotov.
La manifestation avait commencé à 15 heures et réuni 7.000 personnes selon la préfecture, 12.000 selon les organisateurs. Une heure plus tard, "environ 300 individus cagoulés, ont attaqué la préfecture, le bâtiment de la collectivité de Corse et les forces de l’ordre avec divers projectiles (cocktails molotov, pavés, bombes agricoles…)", précise la préfecture.
Les affrontements ont duré plusieurs heures durant lesquelles "les émeutiers ont forcé les grilles et les rideaux métalliques et ont commencé à incendier le bâtiment de la direction départementale des finances publiques".
Gendarmes et policiers face à l’embrasement en Corse
Ouverture d'un cycle de discussions
En réponse aux violences de dimanche, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu’il se rendait en Corse mercredi et jeudi pour "ouvrir" un "cycle de discussions" avec "l'ensemble des élus et des forces vives de l'île". Tout en condamnant "fermement" les violences des jours précédents, et en appelant "sans délai" à un retour au "calme sans lequel aucun dialogue ne peut débuter". Le ministre a assuré avoir "entendu les demandes des élus de Corse sur l'avenir institutionnel, économique, social ou culturel" de l’île, notamment "celles du président du conseil exécutif, Gilles Simeoni", qui réclame entre autres revendications un statut d'autonomie pour la Corse.
Vendredi, en signe d’apaisement, le Premier ministre Jean Castex avait accédé à une vieille revendication en levant le statut de détenu particulièrement signalé (DPS) d'Yvan Colonna, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, trois membres du commando qui avait abattu en 1998 de trois balles de 9 mm en pleine rue le préfet de Corse Claude Erignac. Ce statut de DPS les empêchait d'obtenir leur rapprochement vers une prison corse.
Les tensions n'ont pas cessé en Corse depuis la grave agression dont a été victime le 2 mars Yvan Colonna dans la maison centrale d'Arles où il purge sa peine. Un autre détenu, emprisonné pour des faits de radicalisation islamique et de terrorisme l'a roué de coups et étranglé. Il est depuis hospitalisé dans le coma.
Article publié lundi 14 mars et mis à jour mardi 15 mars 2022.