En Loire-Atlantique, une opération « Place nette » pour s’attaquer à toutes les formes de délinquance

Photo : Les gendarmes mobiles d'un escadron "Guépard" venus prêter mains fortes pour l'opération "Place nette" organisée par la gendarmerie de Loire-Atlantique dans un quartier de Châteaubriant, en mars 2024. (Photo: L.Picard/L'Essor)

28 mars 2024 | Opérationnel

Temps de lecture : 5 minutes

En Loire-Atlantique, une opération « Place nette » pour s’attaquer à toutes les formes de délinquance

par | Opérationnel

[REPORTAGE]

Faire « place nette », tel était l’objectif de l’opération lancée les 19 et 20 mars 2024 par le groupement de gendarmerie départementale de Loire-Atlantique. Parmi les différentes actions menées dans ce cadre, L’Essor a pu suivre deux opérations distinctes, menées tout d’abord dans un quartier, réputé sensible, de Châteaubriant, puis sur l’axe reliant Nantes à Rennes.

Le rendez-vous nous avait été donné à 9h00, à la caserne Marionneau, où est implantée la compagnie de gendarmerie départementale de Châteaubriant. Dans la cour, une cinquantaine de gendarmes ainsi que des policiers municipaux étaient déjà réunis. Tous écoutaient attentivement les dernières consignes données par le patron de la compagnie, le chef d’escadron Julien Balitch. L’objectif de la matinée se situe à quelques centaines de mètres de là. Il s’agit du quartier du Val aux roses, classé « prioritaire pour la politique de la ville ». Un endroit où les gendarmes interviennent régulièrement et qui fait d’ailleurs en ce moment l’objet d’un important effort de rénovation de la part du bailleur social et de la collectivité.

Le chef d'escadron Julien Balitch, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Châteaubriant, donne ses dernières consignes avant de débuter le contrôle d'un quartier sensible dans le cadre d'une opération "Place nette" organisée par la gendarmerie de Loire-Atlantique. (Photo: L.Picard/L'Essor)

Légende: Le chef d’escadron Julien Balitch, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Châteaubriant, donne ses dernières consignes avant de lancer le contrôle d’un quartier réputé sensible dans le cadre d’une opération « Place nette » organisée par la Gendarmerie de Loire-Atlantique. (Photo: L.Picard / L’Essor)

Le briefing terminé, le signal de départ est donné. Les chefs de groupes qui ont assisté au briefing rejoignent leurs équipes. Parmi eux, des gendarmes mobiles d’un escadron « Guépard » de Satory (région parisienne), discrètement arrivés dans la matinée avec leurs nouveaux fourgons de gendarmerie mobile Iveco, successeurs des Irisbus. Une fois tout le monde à bord, l’impressionnante « rame » de véhicules se met en marche.

Lire aussi : Dans les coulisses de la préparation des nouveaux véhicules de la Gendarmerie mobile

Les gendarmes mobiles d'un escadron "Guépard" venus prêter mains fortes pour l'opération "Place nette" organisée par la gendarmerie de Loire-Atlantique dans un quartier de Châteaubriant, en mars 2024. (Photo: L.Picard/L'Essor)

(Photo: L.Picard / L’Essor)

Après une poignée de minutes de route, le convoi arrive à destination. Très vite, les différents groupes se mettent en marche vers les secteurs qui leur ont été attribués. Le quartier a été divisé en quatre zones, chacune composée d’une quinzaine d’immeubles. À cette heure, le quartier est calme. Les jeunes scolarisés sont en cours et les actifs au travail. Un choix stratégique assumé, pour permettre un contrôle en toute sécurité.

Les gendarmes mobiles d'un escadron "Guépard" venus prêter mains fortes pour l'opération "Place nette" organisée par la gendarmerie de Loire-Atlantique dans un quartier de Châteaubriant, en mars 2024. (Photo: L.Picard/L'Essor)

(Photo: L.Picard / L’Essor)

Drogue et rodéo

Hall après hall, les parties communes sont visitées. Couloirs, locaux techniques et cages d’escaliers sont minutieusement fouillés. Plusieurs équipes cynophiles venues prêter main forte complètent le dispositif. Tout y passe. Y compris les caves. Même les parkings sont passés au crible. Les gendarmes, qui agissent dans le cadre d’une réquisition du procureur de la République, disposent de prérogatives supplémentaires par rapport à l’habitude. Par exemple, la possibilité de procéder à des perquisitions en cas d’indices probants.

Appuyés par des équipes cynophiles, les gendarmes ont fouillé l'ensemble des bâtiments du quartier réputé sensible de Châteaubriant (Loire-Atlantique) dans le cadre d'une opération "Place nette" en mars 2024. (Photo: L.Picard/L'Essor)

(Photo: L.Picard / L’Essor)

Justement, les chiens « marquent » à plusieurs reprises. Ici sur une boite aux lettres, là sur une voiture en stationnement. C’est le signe que de la drogue, des armes ou encore des billets de banque ont été présents récemment. Les propriétaires, lorsqu’ils sont présents, sont amenés et assistent aux fouilles. Dans un sous-sol, une moto-cross ayant été aperçue lors de rodéos urbains est découverte puis saisie.

Dans le cadre d'une opération "Place nette" menée en mars 2024 dans un quartier réputé sensible de Châteaubriant (Loire-Atlantique), les gendarmes et les policiers municipaux ont mis la main sur une moto-cross utilisée pour faire des rodéos urbains. (Photo: L.Picard/L'Essor)

(Photo: L.Picard / L’Essor)

Lire aussi : Les opérations « Place nette » s’intensifient et s’élargissent

Sécurisation et prévention

Après plus de deux heures de fouilles, et un autre point de contrôle dans le centre-ville de la commune, de petites quantités de stupéfiants sont découvertes. Notamment environ 200 grammes de cannabis conditionnés et prêts à la revente, ou encore 35 grammes de cocaïne. Un consommateur qui avait un peu de stupéfiants en est dépossédé et hérite d’une amende forfaitaire délictuelle (AFD). Rien d’extraordinaire en somme. Mais le commandant ne semble pas surpris.

Au-delà d’une opération anti-stupéfiants, cette action avait « avant tout un objectif de sécurisation et de prévention », explique le chef d’escadron Julien Balitch, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Châteaubriant. En ligne de mire: le « démantèlement » de potentielles caches de produits ou d’objets illicites et dangereux (comme des armes, des projectiles, des mortiers d’artifice…). Sans objectif d’interpellation spécifique, ce « contrôle de zone » devait permettre d’orienter et d’ouvrir des enquêtes judiciaires. Il visait aussi à sécuriser les interventions ultérieures des militaires dans le quartier.

Une équipe cynophile et des gendarmes mobiles d'un escadron "Guépard" venus prêter mains fortes pour l'opération "Place nette" organisée par la gendarmerie de Loire-Atlantique dans un quartier de Châteaubriant, en mars 2024. (Photo: L.Picard/L'Essor)

(Photo: L.Picard / L’Essor)

Quelques mois auparavant, une action similaire avait d’ailleurs déjà été menée dans ce quartier classé prioritaire de politique de la ville. À la clé, quelques saisies de stupéfiants. Mais bien qu’aujourd’hui le quartier soit plus calme, il faut rester vigilant, souligne l’officier. « L’idée, c’est aussi de rassurer les habitants qui réclament notre présence », rappelait-il à ses troupes lors du briefing matinal.

Lutter contre toutes les formes de trafic

De fait, les opérations « Place nette » ne ciblent pas uniquement la problématique des stupéfiants, comme l’a récemment confirmé la colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la Gendarmerie, sur BFM TV. « Il y a un travail de fond réalisé par les enquêteurs en amont de ces opérations. On identifie tout ce qu’il y a en terme de trafics et toutes les actions qu’il faut mener sur un territoire. Ensuite, on va mettre des moyens, à l’image des escadrons « Guépard », (…) et s’attaquer aux racines pour désorganiser les trafics. On met tout en œuvre pour reprendre le contrôle. »

Les gendarmes mobiles d'un escadron "Guépard" venus prêter mains fortes pour l'opération "Place nette" organisée par la gendarmerie de Loire-Atlantique dans un quartier de Châteaubriant, en mars 2024. (Photo: L.Picard/L'Essor)

(Photo: L.Picard / L’Essor)

Une semaine plus tôt, dans la nuit du 12 au 13 mars, les policiers de Nantes avaient eux aussi mené une opération d’envergure. Près de 70 fonctionnaires, appuyés par une équipe du Raid, avaient ainsi lancé un vaste coup de filet à l’encontre d’un réseau de trafiquants de stupéfiants. Ce dernier approvisionnait un important point de deal dans le quartier des Dervallières à Nantes. Plusieurs interpellations ont été effectuées. Elles ont conduit à la découverte d’armes à feu et d’une trentaine de kilos de drogues (héroïne et cannabis).

Des actions complémentaires quand on sait le rayonnement – bien au-delà des zones de compétences respectives de la Police et de la Gendarmerie – des réseaux de trafiquants qui n’hésitent plus à s’étendre en dehors des grandes villes, jusque dans les zones rurales.

Dans le cadre d'une opération "Place nette", des gendarmes de l'escadron départemental de sécurité routière (EDSR) de la Loire-Atlantique et des douaniers ont mené un vaste contrôle sur la route nationale très fréquentée reliant Nantes à Rennes, appuyés par les gendarmes mobiles d'un escadron "Guépard". (Photo: L.Picard / L'Essor)

(Photo: L.Picard / L’Essor)

Dans l’après-midi, un second contrôle s’est déroulé sur un axe routier très fréquenté du département : la route nationale reliant Nantes à Rennes. Là, près d’un millier de véhicules ont été contrôlés, ainsi que leurs passagers et les marchandises qu’ils transportaient, par près de 150 gendarmes accompagnés de douaniers.

LP

Lire aussi : Les opérations « Place nette » s’intensifient et s’élargissent

La Lettre Conflits

La newsletter de l’Essor de la Gendarmerie

Voir aussi