Dans le fond du quartier Carnot, à Vincennes, des bruits d’un autre temps résonnent depuis un hangar. A l’intérieur, trois hommes martèlent une barre de métal chauffée au rouge et fermement maintenue par l’un d’entre eux. Les coups de marteau se succèdent sans qu’un mot soit prononcé et, progressivement, la barre s’arrondit avant de prendre la forme d’un fer à cheval.
Nous sommes dans une forge de la Garde républicaine, où des gendarmes maréchaux-ferrants perpétuent ainsi une tradition quasi disparue : ils créent à la main les fers des chevaux du régiment de cavalerie.
Ils créent les fers de A à Z
Aujourd’hui, la plupart des maréchaux-ferrants travaillent en effet à partir de fers préformés industriellement qu’ils adaptent au pied du cheval. Ceux de la Garde créent les leurs de A à Z, en forgeant "à trois marteaux". Une technique coordonnée dans laquelle chacun tient un rôle précis. Le forgeur donne le rythme et positionne le fer sur l’enclume, tandis que le "frappeur" va écraser la matière avec sa masse, et que le "rabatteur" va enlever les imperfections.
Ce savoir-faire a été inscrit en 2019 au patrimoine culturel immatériel français. Les maréchaux-ferrants de la Garde républicaine sont recrutés avec un diplôme de maréchalerie, BEP, CAP ou brevet technique des métiers. Ils peuvent intégrer l’Institution en tant que gendarme adjoint volontaire, sous-officier commissionné ou, sur concours, comme sous-officier du corps de soutien.
Les métiers méconnus de la Gendarmerie
Les 22 maréchaux-ferrants sont affectés dans l’une des trois forges de la Gendarmerie, au quartier Carnot à Vincennes (94), à la caserne des Célestins dans le centre de Paris, ou au centre d’instruction du régiment de cavalerie à Saint-Germain-en-Laye (78)