Jusqu'à 76 caméras vont surveiller le littoral du nord de la France par les airs, notamment via des drones, dans le cadre d'un renforcement de la lutte contre le trafic migratoire vers l'Angleterre, a-t-on appris samedi auprès de la préfecture, confirmant une information de la Voix du Nord. Un arrêté des préfectures du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme, publié jeudi, autorise pour une durée de trois mois l'usage simultané, au maximum, de 76 caméras embarquées sur des drones, des hélicoptères et un avion dans ces trois départements.
Ces caméras, transportées entre autres par des drones de la Police aux frontières (PAF), des Directions départementales de la sécurité publique (DDSP) et de la Gendarmerie, pourront surveiller une bande côtière allant jusqu'à 5 kilomètres à l'intérieur des terres, hors agglomération. Objectifs affichés, la lutte contre le trafic d'êtres humains et contre le franchissement irrégulier des frontières ainsi que le "secours aux personnes".
"Il n'existe pas de dispositif moins intrusif permettant de parvenir aux mêmes fins" de surveillance des vastes zones de regroupement ou de mise à l'eau des embarcations des migrants près des plages, argue l'arrêté.
Empêcher des traversées dangereuses pour les migrants
"Depuis 1990, 330 migrants ont perdu la vie en tentant de franchir irrégulièrement la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne", pointe le texte, rappelant les naufrages meurtriers de novembre 2021 et août 2023, qui ont coûté la vie respectivement à au moins 27 et six migrants. Les traversées de migrants vers l'Angleterre par la mer sont rendues de plus en plus dangereuses par le fait que les passeurs les font monter toujours plus nombreux sur une même embarcation, met également en avant l'arrêté. Il fait état de près de 80.000 migrants ayant rejoint ou tenté de rejoindre la Grande-Bretagne par la mer en 2022.
Drones : une utilisation très encadrée
En France, l'utilisation de drones par les forces de l'ordre est encadrée par un décret publié en avril 2023. Aux termes de ce décret, plusieurs raisons peuvent être invoquées pour filmer avec des drones, parmi lesquelles "la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés".
La durée d'utilisation d'un drone par les forces de l'ordre sur un périmètre donné est de trois mois maximum, renouvelable sous conditions. Fin juillet, le Conseil d'Etat a confirmé la suspension d'un arrêté du préfet des Pyrénées-Atlantiques qui avait autorisé leur usage pour surveiller la frontière franco-espagnole au Pays basque, considérant qu'il portait atteinte au droit au respect de la vie privée.
(Avec l'AFP)
Les policiers et les gendarmes pourront désormais utiliser des drones lors des manifestations
Migrants : le témoignage d’un gendarme sur les nouvelles méthodes des passeurs