Devant les craintes de défections le jour-J, il faut encore trouver plusieurs milliers d'agents de sécurité privée pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris-2024. L'Etat continue de pousser pour former plus d'effectifs mais pourrait être contraint de solliciter davantage de forces publiques pour la cérémonie d'ouverture sur la Seine.
Cela fait plus de six mois que tout le monde est suspendu au fait de savoir si le comité d'organisation des JO (Cojo) réussit à boucler tous ses appels d'offres. Pour la cérémonie d'ouverture, il avait dû relancer des consultations à l'automne dernier, dont les résultats sont attendus depuis… février.
Si 97% des besoins sont "sécurisés", a affirmé le Cojo en mars, il n'a visiblement pas réussi à attirer encore assez d'entreprises de sécurité. Interrogé par l'AFP en marge d'une conférence de presse début avril, Etienne Thobois, directeur général du Cojo, avait confié que les 3% restants concernaient notamment la cérémonie d'ouverture ou Châteauroux, site d'accueil des épreuves olympiques de tir.
Une réunion devait se tenir mardi soir sur le sujet à l'Elysée, ont fait savoir plusieurs sources à l'AFP. "C'est le président qui va décider s'il faut recourir à la force publique pour remplacer les quelque 2.000 agents de sécurité manquants", remplacés par l'armée ou la police, a expliqué une source ayant connaissance du dossier à l'AFP. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, expliquait ce week-end qu'il n'était "pas inquiet", précisant que de manière générale "quand il y a une défaillance, les forces de l'ordre y pallient ponctuellement".
La sécurité, l’autre grande course des Jeux olympiques
"Risque d'une défaillance"
"Le risque d'une défaillance – anticipée ou non – de certains prestataires ne peut être exclu", observait récemment un rapport sénatorial. Et Le Monde révèle mardi une note des pouvoirs publics s'inquiétant de "l'ampleur des défaillances".
Pour la cérémonie d'ouverture, la mobilisation de 45.000 policiers et gendarmes est déjà prévue. Des militaires sont chargés de déminer les bateaux qui défileront sur la Seine et 16.000 soldats seront déployés tout au long de la compétition. Le Cojo est chargé de sécuriser ses sites olympiques et l'Etat est in fine garant de la sécurité des Jeux en France, et ce dans un contexte accru de menace terroriste.
Si des effectifs étaient manquants, il est prévu depuis le début que des renforts de l'armée puissent intervenir. Les besoins du seul Cojo ont été établis: entre 17.000 et 22.000 agents de sécurité privée, auxquels il faut ajouter les besoins pour des "fan zones", par exemple.
Depuis deux ans, l'Etat et le Cojo ne ménagent par leurs efforts pour dénicher un nombre suffisant d'agents, notamment via des formations rémunérées. La filière est en effet à la peine, encore plus depuis le Covid. Après avoir sollicité les étudiants, les retraités en cumul emploi-retraite, un projet de décret est sorti tout récemment pour que des agents publics puissent aussi effectuer ces missions.
Faire face aux "no show"
Fin mars, le délégué interministériel aux JO, Michel Cadot, avait indiqué aux députés que mi-février "le président de la République avait demandé qu'on prenne une précaution supplémentaire pour faire face aux no show (absence le jour J)", ce qui représente de "20 à 30% de personnes supplémentaires".
"Je suis intervenu à plusieurs reprises en conseil d'administration (du Cojo, ndlr) pour dire qu'aucune des entreprises qui a les marchés n'a les effectifs pour la mission pour laquelle il a passé le marché", a expliqué à l'AFP il y a quelques semaines Bernard Thibault, ex-secrétaire général de la CGT qui siège au CA du Cojo.
Aux JO de Londres en 2012, en raison de la défaillance de la sécurité privée, l'armée avait dû intervenir au dernier moment.
Au dernier pointage début mars, "20.030 personnes" ont été formées et 11.500 embauchées, a indiqué à l'AFP le préfet de région Marc Guillaume. Il se satisfait qu'il y ait eu récemment "130.000 clics" sur une campagne en ligne à destination des étudiants. Tous ceux qui ont fait la formation et qui ne sont pas encore embauchés vont être rappelés en juin, a-t-il ajouté. L'objectif est d'avoir 28.000 personnes formées sur toute la France.
(Avec D.Claude / AFP)
Le manque d’agents de sécurité privés, point noir des JO de Paris 2024