La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) appelle les forces de sécurité à faire remonter tous les "signaux faibles" d'opérations d'ingérences menées par les services de renseignement russes dans le pays, après plusieurs actions de ce type à l'échelle européenne, selon une note consultée par l'AFP vendredi 23 février 2023.
Les services de renseignement russes ont mis en place des "modes opératoires alternatifs mobilisant des réseaux de proxies (intermédiaires, ndlr) dans le but de mener des activités d'ingérence", détaille cette note datée du 14 février.
Ces opérations se traduisent par des "actions subversives", menées par ces "proxies" et relevant généralement de "délits de droit commun", poursuit la note qui cite en exemple des "dégradations de biens publics (graffitis, tags), placardage d'affiches, de stickers, distribution de flyers".
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Tout les sujets potentiellement impactés
Les messages diffusés lors de ces opérations "visent globalement à amplifier les dissensions et les fractures internes à la société française", en exploitant tout type de sujets, de la "réforme des retraites" à la "prise de position dans le conflit israélo-palestinien" ou au "dénigrement des JO 2024", poursuit la DGSI. Voire à "soutenir ouvertement les intérêts de la Russie" en "dénonçant la politique étrangère de la France, les États-Unis ou l'Otan".
"Il n'est pas exclu" que des "actions de nature violente" puissent "être également commanditées", ajoute la DGSI, évoquant des "menaces ou agressions physiques, notamment à l'encontre de ressortissants ukrainiens ou de dissidents russes".
Cette note, signée de la nouvelle directrice de la Sécurité intérieure Céline Berthon, est adressée aux directeurs de la Police nationale (DGPN) et de la Gendarmerie nationale (DGGN), ainsi qu'au préfet de police de Paris. Dans le "contexte géopolitique actuel, et alors que la France s'apprête à accueillir les Jeux olympiques", la DGSI leur demande de "sensibiliser les services de sécurité publique susceptibles d'être amenés à traiter ce type de dossiers". Elle demande aussi de lui signaler "systématiquement" les actions de cette nature, en citant plusieurs "signaux faibles" qui peuvent alerter.
Changements à la tête des services de renseignements français
L'exemple des étoiles de David
Ces actes sont "généralement commis par des membres des communautés russophones d'Europe de l'Est", détaille la DGSI, précisant que ces personnes peuvent soit séjourner "temporairement" en France, soit y être "installées de longue date, légalement ou illégalement".
Fin octobre 2023, en plein conflit entre Israël et le Hamas palestinien, des dizaines d'étoiles de David bleues avaient été taguées ou apposées au pochoir sur des façades d'immeubles à Paris et en Île-de-France. Selon une source proche du dossier, confirmant une information du Monde, il s'agissait d'une opération pilotée par les services de sécurité russes (FSB).
Un couple de Moldaves avait par la suite été interpellé et le commanditaire présumé, un homme d'affaires moldave prorusse, identifié. La France avait alors condamné une "ingérence numérique russe" dans cette affaire.
(Avec l'AFP)