En octobre 2023, le Conseil d’Etat donnait 12 mois au ministre de l’Intérieur pour rendre effective l’obligation du port du RIO, matricule d’identification des gendarmes et des policiers. Une décision saluée par les associations, mais très critiquée par les syndicats de Police. Malgré cette décision de 2023, deux associations, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’association des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) ont annoncé mardi 15 octobre 2024 avoir saisi à nouveau le Conseil d’Etat pour rendre effective l’obligation faite aux forces de l’ordre de porter leur matricule d’identification (RIO) en intervention et de le rendre plus visible.
D’où la question posée en novembre 2024 aux lecteurs de L’Essor : Êtes-vous favorable à cette obligation de port du RIO ?
Voici la répartition finale de vos réponses à cette question du mois :
- Oui : 35,18%
- Non : 61,26%
- Ne sais pas : 3,56%
Une sélection de vos riches et nombreux commentaires
- La plupart des manquements au port du RIO sont côté Police. Il faudrait mettre en place un numéro plus visible, dans le dos et plus court, exclusivement pendant les manifestations, comme le font les policiers allemands. C’est durant les manifestations que l’identification du fonctionnaire fautif serait la plus utile, car c’est là que l’on constate le plus de bavures impunies.
- Non et non, je ne vois pas pour quel motif le policier ou le gendarme auraient l’obligation d’exposer leur identité au public.
- Le port actuel donne toute satisfaction.
- Les forces de l’ordre exercent leur métier en toute transparence.
- La sécurité dans notre pays est calamiteuse, arrêtons de taper sur les forces de l’ordre.
- Numéro trop complexe, et souvent inutile.
- Non, en raison notamment des critiques formulées par la Police, à qui je donne raison.
- Aucun intérêt en milieu rural. Le gendarme est identifié.
- Les personnes chargées de faire appliquer les lois se doivent de les suivre. Elles travaillent pour le peuple et, donc, doivent pouvoir être identifiées par leurs employeurs.
- La tenue de gendarme suffit pour que les mauvais citoyens portent plainte, et le commandement connaît les noms de ceux qui sont en service.
- Aucun intérêt, autant mettre le numéro de Nigend. Comme cela, nous serons comme les bovins, avec une étiquette à l’oreille. Quelle confiance !
- Je ne vois pas en quoi cela est gênant de porter cet identifiant. A partir du moment où l’on n’a rien à se reprocher…
- De même que pour l’application possible de l’anonymat dans le cadre de procédures judiciaires, il convient que chaque gendarme puisse rester « anonyme » dans le cadre de ses missions. Dans le cadre d’une plainte, un RIO permettra au conseil de la partie adverse d’identifier la personne concernée.
- Décision critiquée aussi par le CFMG de l’époque.
- Dans l’état actuel de violences commises contre les forces de l’ordre, je suis contre une identification de plus des cibles. De tout coeur avec eux.
- L’autorité du gendarme ou du policier suffit.
- Dans la mesure où le travail est fait de façon humaine et professionnelle, à quoi bon cacher son RIO ? Je l’ai toujours porté sans le cacher. (Gendarmerie)
- Le port du RIO ne nuit aucunement à l’action d’un personnel. Il n’est pas directement identifiable, mais il peut aussi bien l’utiliser pour remplir des procédures anonymisées qu’être responsable de ses actes. L’ensemble de nos actes étant guidé par leur aspect légal, il n’y a aucune crainte à être identifié par un numéro.
- Cette immatriculation n’apporte rien, et c’est une manière détournée de remettre en cause la légitimité des forces de l’ordre. Le gendarme (ou le fonctionnaire de Police) est assermenté, cela doit suffire. De plus, il est clairement identifié (port de l’uniforme).
- Les voyous ne sont pas identifiables.
- Plus il y aura de transparence de ce genre, moins d’erreurs seront commises. Moins de reproches seront donc formulés à l’encontre des forces de l’ordre…
- Cela ne me dérange pas de porter ce numéro. Auparavant, sur demande, je donnais mon nom, et notamment lorsque nous établissions un timbre-amende.
- Les forces de l’ordre se présentent toujours dans le cadre de leurs missions. Le numéro n’apporte aucune plus-value.
- Les délinquants ne portent pas de RIO, alors demandons à nos décideurs de leur en faire porter un.
- C’est une exigence démocratique.
- Le port du RIO est nécessaire pour justement pouvoir identifier la personne en cas de désaccord sur une procédure inadéquate.
- Aucune utilité réelle, à part tendre le dialogue avec un contrevenant « coléreux ».
- L’identité des forces de l’ordre doit être protégée. Les médias, les avocats, et même la justice se chargent de la divulguer.
- Pourquoi ne pas identifier le citoyen avec le port d’une identité obligatoire visible sur ses vêtements ? C’est toujours pareil, le doute contre les forces de l’ordre…
- Cela fait déjà plusieurs années que nous le portons sur le terrain.
- Nous ne sommes pas des numéros, ou alors anonymisons toutes les pièces de procédure avec ce numéro, dans ce cas, oui.
Commentaire du directeur de la rédaction de L’Essor
Si les réponses penchent clairement pour l’absence d’une obligation d’affichage du RIO pour les policiers et les gendarmes (plus de 60%), l’analyse des réponses semble moins catégorique. Le RIO est un matricule et non pas un nom, comme cela apparaît parfois sur les treillis de militaires ou des uniformes. Le RIO ne permet donc pas de connaître directement l’identité du personnel qui le porte, mais juste de pouvoir l’identifier et le retrouver si cela s’avérait nécessaire. Certaines réponses témoignent d’une confusion entre le RIO et le nom du fonctionnaire, ce qui peut expliquer le basculement du pourcentage vers un refus de le faire apparaître.
Sur le principe, le port d’un RIO semble pourtant une mesure rassurante pour le citoyen, qui sait que le fonctionnaire en charge du maintien de l’ordre à qui il aurait affaire n’est pas un anonyme évanescent, ce qui est le propre d’une démocratie.
N.L.
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