Il est le premier d’une série de dix hélicoptères de nouvelle génération commandés par la Direction générale de l’Armement (DGA) au profit du ministère de l’Intérieur et de la Gendarmerie. Un premier exemplaire de l’hélicoptère H160 vient donc d’être réceptionné par la Gendarmerie, mardi 16 décembre 2025, à Marignane (Bouches-du-Rhône).
Commandés en 2022, dans le cadre du plan de relance après la crise du Covid-19, ces dix hélicoptères H160 devaient initialement commencer à équiper l’Arme à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Il aura finalement fallu attendre un an et demi de plus pour que le premier modèle soit officiellement réceptionné par les gendarmes.
Encore quelques mois d’attente
Il faudra toutefois aux gendarmes attendre encore un peu avant de prendre le manche de cet appareil. Il doit en effet subir une batterie de tests et d’expérimentations. Notamment avec les équipements spécifiques commandés par les gendarmes, comme la caméra embarquée ou le projecteur. L’appareil a donc traversé l’Etang de Berre, pour rejoindre, à quelques kilomètres de Marignane, le centre « DGA Essais en vol » (DGA EV), à Istres.
« Nous le confions (à la DGA) pour les cinq prochains mois », a confirmé le général de brigade Éric Espinal, commandant les Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN). Cela « permettra de qualifier les équipements de missions propres à la Gendarmerie, comme la caméra embarquée, l’aérocordage et le vol sous jumelles de vision nocturne » explique-t-il. « Cette étape nous permettra de parfaire notre connaissance de ce nouvel hélicoptère au gabarit et aux caractéristiques jusqu’alors inconnus en gendarmerie. »
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« Le H160 va vite et loin »
De fait, comme le souligne le général Espinal, « le H160 va vite et loin ». Capable de dépasser les 300 km/h en vitesse de pointe (255 km/h en vitesse de croisière), il peut embarquer jusqu’à 14 personnes, dont le pilote et son copilote. En volant à 20.000 pieds (soit environ 6.000 mètres d’altitude), il peut parcourir près de 900 kilomètres avec ses passagers. Une capacité d’emport particulièrement adaptée à la projection de forces, comme une équipe du GIGN, par exemple en cas d’intervention liée au contre-terrorisme ou à la lutte contre la criminalité organisée.
La Gendarmerie évoque également des missions d’observation et d’appui aux opérations, notamment grâce aux technologies qu’il embarque, à l’image de sa « boule optronique » ou de son treuil latéral.
L’implantation finale de ces dix appareils n’a pas encore été dévoilée. Il y a fort à parier qu’au moins un, voire deux, d’entre eux reste(nt) basé(s) à Villacoublay. On assistera probablement aussi à un redéploiement de moyens entre les différentes sections aériennes de l’Arme. Et ce, afin que les unités disposent des appareils les plus adaptés à leurs missions.

Le premier hélicoptère H160 de la Gendarmerie, lors de sa cérémonie de remise officielle par Airbus Helicopters, le 16 décembre 2025, à Marignane (Bouches-du-Rhône). (Photo: GB E.Espinal/FAGN)
H160, H145… des appareils complémentaires
Outre le H160, la Gendarmerie a aussi reçu ces dernières semaines un autre hélicoptère destiné à ses forces aériennes. La 3e génération de la gamme 145 (successeur de l’EC145), baptisé « H145 D3« . Pour le moment, six exemplaires sont prévus pour la Gendarmerie, sur un total de 46 appareils commandés par le ministère de l’Intérieur. Les 40 autres sont destinés à la Direction générale de la Sécurité civile pour renouveler la flotte de Dragons rouges et jaunes. Côté hélicos bleus, ces six appareils doivent permettre de répondre aux priorités de renouvellement, notamment des hélicoptères AS350 « écureuil » les plus vieillissants.
Doté d’un rotor principal à cinq pales (contre quatre pour l’EC145), d’une motorisation et d’un système plus moderne, le H145 affiche de meilleures capacités de vol. Comme son aîné de nouvelle génération H160, le H145 bénéficie d’une gamme complète d’équipements derniers cris. Modulables, ils permettent aux FAGN d’envisager avec cet appareil un large panel de missions.
On trouve par exemple une caméra optique et thermique ultra performante pour les missions d’observation, de recherche et de renseignement. Un treuil pour les missions de secours et d’assistance à personne en montagne, y compris à haute altitude, ou en mer. Une potence d’aérocordage pour la projection rapide d’unités spécialisées. Pour les missions plus sensibles de contre-terrorisme, de lutte contre la criminalité organisée ou contre l’orpaillage illégal, l’appareil dispose d’un kit de blindage, renforçant la protection de l’équipage et des passagers. L’intégration d’un système embarqué de communication aux dernières normes permettra aussi l’interopérabilité avec les autres forces de sécurité intérieures.

Les nouveaux hélicoptères H145 livrés par Airbus à la Sécurité civile et à la Gendarmerie nationale. (Photo: Airbus helicopters)
L’impératif besoin de renouvellement de la flotte des FAGN
Reste que ces seize nouveaux appareils ne devraient pas suffire, à moyen terme, aux besoins de la Gendarmerie. En octobre puis en novembre 2025, le directeur de la Gendarmerie Hubert Bonneau avait ainsi tiré la sonnette d’alarme devant les parlementaires, préconisant l’acquisition, au plus tard d’ici fin 2027, de 22 nouveaux H145. Sans quoi il faudrait se poser la question de maintenir ouvertes certaines sections aériennes de la Gendarmerie (SAG). Une option supplémentaire pour ces 22 appareils figurait d’ailleurs lors de la commande passée en 2023.
Actuellement, les Forces aériennes disposent d’une cinquantaine d’appareils, divisés en trois modèles d’hélicoptères. L’AS350 (écureuil), l’EC145 et l’EC135. Les gendarmes, notamment ceux du GIGN, bénéficient par ailleurs de l’appui du Groupement interarmées d’hélicoptères (GIH), basé à Villacoublay.
LP
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