Évolutions du métier et de la société, rythme de travail, contraintes et épuisement professionnels, conciliation avec la vie de famille, inaptitude, ou tout simplement volonté de changement… les raisons des départs au sein de la Gendarmerie sont multiples. Mais pour beaucoup, notamment celles et ceux qui n’ont connu que la Gendarmerie, quitter l’Institution pour le civil équivaut à une plongée dans l’inconnu. Pour simplifier ce grand saut, la Gendarmerie dispose, depuis bientôt vingt-cinq ans, d’un service exclusivement dédié : le bureau de la reconversion.
Répondre à un besoin
Initialement, ce bureau implanté au sein de la Direction générale avait été créé pour répondre à un besoin. Avec le service militaire obligatoire, la Gendarmerie comptait, jusque dans les années 1990, des gendarmes auxiliaires dans ses rangs. Il a donc fallu créer un nouveau corps de volontaires pour pallier ce manque lors de la suspension de la conscription. Le corps des Gendarmes adjoints volontaires (GAV) voit alors le jour.
Mais l’engagement dans ce corps n’est que de courte durée. Et pour ceux qui ne restent pas à l’issue de leur contrat ou ne réussissent pas les concours pour devenir sous-officier, le retour à la vie civile peut être compliqué. "Il y a une nécessité de les aider à retrouver du travail", explique Bérénice Vignard, actuelle cheffe du Bureau de la valorisation et de la transition professionnelle de la Gendarmerie. "D’autant que, pour ceux qui ne retrouvent pas tout de suite un emploi, il faut verser des indemnités de chômage. Une perte importante pour la Gendarmerie." Cet autre aspect entrait donc lui aussi en ligne de compte. Le bureau de la reconversion est ainsi créé, le 1er septembre 1997.
Un accompagnement qui se professionnalise
Un an plus tard, les premiers Centres d’orientation et de reconversion (COR) s’ouvrent en région. Sortes d’antennes locales du bureau de la reconversion, ils seront progressivement développés partout en France, implantés au niveau des vingt-deux régions administratives. Principalement armée par des militaires des corps administratifs, la chaîne de la reconversion devra attendre 2008 pour se professionnaliser. Dès lors, des officiers commissionnés sont recrutés dans chaque COR.
Les 22 centres d’orientation et de reconversion (COR) maintenus en régions
La plupart sont spécialisés dans l’accompagnement à l’emploi et l’insertion professionnelle, et disposent d’un bagage professionnel indéniable, ayant exercé des fonctions similaires dans le civil. Ils sont appuyés par un sous-officier du Corps de soutien technique et administratif de la Gendarmerie (CSTAGN), spécialement formé aux problématiques des COR. Mais c’est réellement au cours des dernières années, avec l’essor de la transition professionnelle, que la chaîne de la reconversion a pris de l’ampleur. Longtemps considérée comme la cinquième roue du carrosse, elle est revenue au cœur des priorités et de la gestion des ressources humaines de la Gendarmerie.
"Valorisation" et "transition professionnelle"
D’ailleurs, on ne parle plus de reconversion, mais de "valorisation" et de "transition professionnelle". Chaque année, de plus en plus de militaires prennent contact avec les COR. En 2021, ils ont ainsi été plus de 8.500 à être reçus pour, au minimum, un entretien d’information sur les dispositifs existants. En grande partie, il s’agissait de gendarmes adjoints volontaires, mais également de sous-officiers.
Parmi eux, ainsi que ceux ayant entamé les démarches en amont, près de 2.000 ont été reclassés. Plus surprenant, il apparaît que la reconversion est même devenue un argument de recrutement pour l’Arme. De fait, en intégrant la Gendarmerie, les militaires de tout grade ont l’assurance de pouvoir bénéficier d’un reclassement. "C’est tout bonnement un droit que l’on retrouve dans le code de la Défense, souligne Bérénice Vignard. Il s’agit d’une contrepartie, d’une compensation de la vie militaire et de ses exigences. Et ce qui est mis en place dans les armées et la Gendarmerie n’est pas comparable aux initiatives que l’on peut trouver dans le privé."