La justice a ordonné ce jeudi 4 décembre un nouveau report dans l’enquête sur la mort en 2011 de la gendarme Myriam Sakhri dans une caserne à Lyon. Sa famille récuse la thèse d’un suicide pour raisons personnelles, persuadée que des collègues la harcelaient.
Les proches de Myriam Sakhri « consternés »
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon a prorogé au 15 janvier sa décision sur les suites à donner à ce dossier judiciaire au long cours.
« Nous sommes véritablement consternés ». « Cela fait des années que la famille est dans cette attente », a déclaré à la presse Me Vincent Brengarth, qui représente les proches de Myriam Sakhri.
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« Ce que je retiens malgré tout, c’est que cette prorogation s’explique par un souci d’examen du fond de la procédure », a nuancé le conseil, entouré de plusieurs soeurs de la défunte, dont des portraits avaient été accrochés en matinée sur les grilles du palais de justice.
La chambre de l’instruction dira donc ultérieurement si elle choisit de mettre un point final au dossier avec un non-lieu. Elle peut aussi ordonner un complément d’enquête ou prononcer les mises en examen réclamées par les proches de Myriam Sakhri.
Myriam Sakhri s’était donné la mort avec son arme de service
Âgée de 32 ans et d’origine algérienne, la jeune femme a mis fin à ses jours le 24 septembre 2011 dans son appartement de fonction. Elle avait une balle dans le ventre et son arme de service à ses pieds.
Affectée au Centre d’opérations et de renseignements de la gendarmerie (Corg) du Rhône, service chargé de répondre aux appels du public, Myriam Sakhri s’était plainte de harcèlement et de racisme. La Gendarmerie avait ouvert une enquête interne, dont elle attendait les conclusions.
À sa mort, un mot retrouvé à ses côtés, écrit de sa main – « Merci à G. le connard! » – désignait le colonel qui commandait à l’époque la gendarmerie du Rhône.
Une plainte après un classement
La justice avait pourtant rapidement classé l’affaire. Sa famille, dénonçant la partialité des investigations menées par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), avait porté plainte.
Celle-ci avait déclenché l’ouverture d’une première information judiciaire en 2012. Elle avait débouché sur un non-lieu en 2013, confirmé en appel en 2014. La Cour de cassation avait ensuite confirmé ces décisions en 2015.
Les magistrats avaient écarté tout harcèlement. Ils estimaient que la gendarme s’était suicidée après avoir appris qu’elle devrait comparaître devant un tribunal. Il s’agissait de deux affaires liées à l’exercice de sa profession.
Information rouverte en 2021
Pas convaincue, la famille avait poursuivi son combat et compilé des témoignages. Ils démontraient que la gendarme était devenue « la bête noire » de son entourage professionnel.
Sur la base de ces nouveaux éléments, la justice a ouvert une information judiciaire pour « harcèlement » et « homicide involontaire » en 2021. La chambre de l’instruction de la cour d’appel s’en charge.
« Cette réouverture a donné lieu à un nombre de nouveaux actes par le magistrat instructeur et nous considérons que ces actes nous confortent dans notre analyse », notamment sur les faits de harcèlement, a ajouté Me Brengarth qui espère à terme la tenue d’un procès.
AFP
« Suicide : qui appeler à l’aide ?
En cas de besoin, les gendarmes ont différents dispositifs à leur disposition.
Tout d’abord, ils peuvent contacter le réseau d’accompagnement psychologique de l’Institution. Il est composé de 39 psychologues cliniciens implantés en métropole et, depuis 2016, en outre-mer.
Les médecins du Service de santé des armées (SSA) peuvent également les assister dans ces moments difficiles.
Par ailleurs, ils peuvent se tourner vers les assistants sociaux des groupements, les aumôniers ou les représentants de la concertation qui jouent un rôle d’accompagnement et de lanceurs d’alerte.
Enfin, le commandement, aux différents échelons hiérarchiques, est également susceptible de les aider.
Hors de l’Institution, différents dispositifs d’écoute existent en cas de crise suicidaire. Comme le numéro national de prévention du suicide (3114), accessible gratuitement 24h/24. Ou encore l’association SOS Amitiés, qui propose de l’écoute aux personnes en détresse psychologique, joignable en permanence au 09.72.39.40.50 ou via un chat en ligne.
La majorité de ces dispositifs sont recensés par le ministère de la Santé et de la Prévention. Des conseils et des contacts sont également présents sur le site du ministère, à destination des familles ou des proches endeuillés par un suicide.










