Suicide d’un gendarme mobile à Mayotte

Photo : Photo d'illustration. (LP/L'Essor)

5 janvier 2024 | Vie des personnels

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Suicide d’un gendarme mobile à Mayotte

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L'année 2024 commence décidément sous de bien tristes auspices pour la Gendarmerie qui vient d'enregistrer son premier suicide. Selon nos confrères du bureau mahorais de La 1ère, qui citent les services de secours locaux, un gendarme mobile a mis fin à ses jours avec son arme de service dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 janvier. Une information confirmée par le commandement de la gendarmerie de Mayotte, sans toutefois apporter plus de précisions.

Âgé de 31 ans, le militaire se serait donné la mort dans son lieu de séjour, à Kangani, dans la commune de Koungou, la deuxième la plus peuplée de Mayotte, située au nord-est de l'île. Il s'agit selon nos informations du gendarme Boris Carel, affecté à l'escadron de gendarmerie mobile 24/2 de Bayonne.

Soutiens et cagnottes

Après l'annonce de ce décès, de nombreux messages de soutien ont été publiés en ligne. Pacsé et père de deux enfants, cet ancien fusilier-marin de la Marine nationale, originaire d'Alsace, avait rejoint la Gendarmerie en 2020 en réalisant un changement d'armée. Ses anciens camarades de la Marine ne l'ont pas oublié et ont lancé une cagnotte solidaire pour venir en aide à sa compagne et leurs deux enfants. Elle est accessible sur ce lien.

Le sous-officier était aussi un sportif accompli, licencié du club de rugby de Landivisiau où il évoluait au poste de "troisième ligne aile". Ce même club lui a rendu un vibrant hommage et lancé lui-aussi une cagnotte solidaire pour lui rendre hommage et soutenir sa famille. Elle est accessible sur ce second lien.

Une troisième cagnotte a également été lancée auprès de la Fondation "Maison de la Gendarmerie" pour venir en aide à sa compagne et leurs enfants. Elle est accessible sur ce lien.

Moins d'un mois après la venue de la Première ministre sur place

Ce décès intervient moins d'un mois après le passage de la Première ministre à Mayotte, le 8 décembre 2023. Comme l'avait alors rapporté Mayotte La 1ère, elle avait visité un bidonville situé dans la commune de Koungou, là-même où le gendarme mobile se serait ôté la vie. Tout un symbole…

Lors de cette visite, après sa rencontre avec les militaires et les forces de sécurité – dont la mobilisation ne faiblit pas depuis le printemps 2023 et l'envoi de renforts dans le cadre de l'opération Wuambushu de lutte contre l'immigration irrégulière, les violences et le logement insalubre –, la cheffe du gouvernement avait annoncé le renforcement des dispositifs de sécurité et de lutte contre les logements insalubres, avec la mise en place d'une "zone d'exception" permettant aux autorités de disposer de pouvoirs élargis dans le cadre de cette mission.

Avec Mamoudzou et Dembéni, Koungou est une des trois communes où se concentrent la plupart des logements insalubres de Mayotte selon nos confrères. Une opération de destruction d'habitats insalubres construits en tôles doit justement y avoir lieu en janvier 2024.En plus de la crise migratoire sans précédent et des problèmes de sécurité et de logement qui en découlent, l'île de l'océan Indien est confrontée depuis plusieurs mois à une pénurie d'eau qui frappe l'ensemble de la population, y compris les gendarmes présents sur place, parfois avec leurs familles.

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Au moins 19 suicides de gendarmes en 2023

Ce nouveau décès tragique intervient après une année 2023 marquée par au moins 19 suicides de gendarmes, selon les informations parvenues à L’Essor. En décembre, un jeune gendarme de 26 ans avait ainsi mis fin à ses jours à Versailles (Yvelines). Il avait été retrouvé par sa compagne, dans son logement, après avoir vraisemblablement utilisé son arme de dotation pour commettre l'irréparable.

En moyenne, depuis 2016, une vingtaine de gendarmes se donnent ainsi la mort chaque année.

Un jeune gendarme des Yvelines met fin à ses jours (décembre 2023)

Suicide : qui appeler à l’aide ?

En cas de besoin, les gendarmes ont différents dispositifs à leur disposition. Tout d’abord, ils peuvent contacter le réseau d’accompagnement psychologique de l’Institution. Il est composé de 39 psychologues cliniciens implantés en métropole et, depuis 2016, en outre-mer. Les médecins du Service de santé des armées (SSA) peuvent également les assister dans ces moments difficiles.

Par ailleurs, ils peuvent se tourner vers les assistants sociaux des groupements, les aumôniers ou les représentants de la concertation qui ont un rôle d’accompagnement et de lanceurs d’alerte. Enfin, le commandement, aux différents échelons hiérarchiques, est également susceptible de les aider.

Hors de l’Institution, différents dispositifs d’écoute existent en cas de crise suicidaire, comme le numéro national de prévention du suicide (3114), accessible gratuitement 24h/24, ou encore l'association SOS Amitiés qui propose de l'écoute aux personnes en détresse psychologique, joignable en permanence au 09.72.39.40.50 ou via un chat en ligne. La majorité de ces dispositifs sont recensés par le ministère de la Santé et de la Prévention. Des conseils et des contacts sont également présents sur le site du ministère, à destination des familles ou des proches endeuillés par un suicide.

(Article publié vendredi 5 janvier 2024. Dernière mise à jour vendredi 12 janvier 2024)

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