L’anecdote est rapportée par Libération. Dans son édition du lundi 23 août, le quotidien consacre une longue enquête aux flic stories. Ces reportages survitaminés censés représenter le quotidien des forces de l’ordre font des cartons d’audimat et le bonheur des chaînes de la TNT.
Avec la bénédiction de la Police et de la Gendarmerie qui y voient un moyen de redorer leur blason auprès du grand public. Mais pour les réalisateurs qui veulent éviter les stéréotypes et approcher d’un peu plus près la réalité du terrain, le travail est parfois semé d’embûches.
"Les gendarmes étaient en demande d’un autre regard sur leur métier"
Un documentaire intitulé Les Gendarmes et le Territoire, diffusé par Public Sénat et France 3 en 2019, montrait ainsi une tout autre image du quotidien des gendarmes. Ce format au titre houellebecquien de 52 minutes suit pendant quatre mois la petite brigade de la Ferté-Macé, dans l’Orne. Un territoire rural, à l’écart des grands axes routiers et ferroviaires, où les militaires font face à un sentiment d’abandon et de malaise grandissant de la part de la population.
"Les gendarmes étaient en demande d’un autre regard sur leur métier, explique à nos confrères son réalisateur, Xavier Champagnac. Je ne voulais pas spécialement prendre le contrepied des autres programmes, mais raconter le réel tel que je le percevais. Les gendarmes sont le réceptacle d’un flot de misère". Mais pour arriver au bout de son projet, Xavier Champagnac a dû apprendre à dire non.
Avant d’ouvrir leurs portes, Police et Gendarmerie exigent en effet la signature d’une "convention de tournage". Laquelle prévoit un droit de regard avant diffusion. Le réalisateur affirme ainsi avoir subi des "pressions" pour modifier son film, mal reçu par le Sirpa, le service de communication de la Gendarmerie, qui le jugeait "catastrophique".
D’où, notamment, cette demande saugrenue : flouter le mug d’un gendarme de la brigade "parce qu’il y avait écrit plouc power dessus"… Des demandes que le réalisateur a préféré ignorer afin de ne pas édulcorer son récit.
Une liberté que ne peuvent pas se permettre les réalisateurs de copshows. Du moins, affirme le journal, s’ils veulent continuer à tourner avec les forces de l’ordre.
Pour en savoir plus : lire l'article de Libération