Une adjudante de la brigade de Puget-sur-Argens (Var) vient d’être condamnée à quatre prison pour corruption. Elle était jugée, le 17 juin 2025, par le tribunal de Draguignan pour corruption passive et « détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel » . Et de « révélation d’information sur une enquête en cours » et de « faux en écriture publique ». Entre 2022 et 2024, elle a aidé son amant délinquant, dans la commission de ses délits. De sept ans son cadet, son partenaire a profité des avantages et des informations données par la militaire, mère de famille, pour faire prospérer le trafic de véhicules volés auquel il participait, selon Var Matin.
Elle rencontre son amant lors d’une garde à vue
La procureure Laurence Barriquand a estimé que « c’est l’un des plus gros dossiers de corruption mettant en cause un gendarme depuis 20 ans ». Elle dénonce « un sentiment de trahison » et regrette « les mises en danger » que le comportement de la gendarme a fait peser l’institution.
Les faits ont été découverts le 23 février 2024, à l’occasion d’une procédure pour recel et refus d’obtempérer. Lors de sa garde à vue à la brigade de Puget-sur-Argens, Eric P. reconnait faire partie d’un réseau de voleurs de voitures. Un autre homme, Ali D., qui appartient à ce réseau, lui avait dit qu’il était en contact avec une gendarme afin de faciliter le trafic. Cette gradée de la gendarmerie retirait, moyennant finance, les voitures du Foves, le fichier qui recense les voitures volées.
L’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN) est saisie du dossier. L’enquête de la section de recherches de Marseille confirme les propos corroborés par Eric P.
En réalité, la gendarme et Ali D. sont amants depuis juin 2022. Leur relation avait débuté, dix jours après son placement en garde à vue à la suite d’un dépôt de plainte pour violence. Au fil du temps, entre deux relations sexuelles, y compris dans les locaux et parfois filmées, elle lui aurait transmis des renseignements sur les enquêtes en cours.
Elle donne aussi les adresses de Sébastien Loeb et de Luc Alphand
Après « s’être vanté auprès de relations » de fréquenter une gendarme, il lui a aussi demandé d’effacer des fichiers les voitures préalablement volés par ses complices. La gendarme efface alors une trentaine de voitures volées, en modifiant au passage des numéros de procédure.
Par ailleurs, la gendarme fournit à son amant l’adresse de propriétaires de Toyota RAV4 et de Lexus, véhicules haut de gamme recherchés par les voleurs, dont celle de l’ancien champion du monde de rallye Sébastien Loeb. La villa de Luc Alphand, ancien champion du monde de ski, est également ciblée sur une carte. Aucun des deux sportifs n’a été, au final, victime d’un vol.
À la demande d’Ali D., la gendarme a même volé un pistolet semi-automatique Pamas 9 mm fin janvier 2024, au sein de sa brigade. Puis, elle a pris peur et lui a demandé de lui rendre l’arme 15 jours plus tard. L’homme lui a remis aussi la tenue et le gyrophare qu’elle avait volés pour lui. « J’ai fait tout cela car j’étais amoureuse de lui. J’étais pris au piège de mes propres sentiments. J’ai été faible et naïve », a-t-elle reconnu à l’audience.
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Elle devait être promue au rang d’adjudante-cheffe
Bien notée avant que l’affaire n’éclate, la gendarme devait être promue adjudante-cheffe dans l’année. Présent à l’audience, le lieutenant-colonel Priscillien Pittet, commandant la compagnie de gendarmerie de Draguignan ajoute : « Après avoir appris tout cela, nous n’avons pas pu nous empêcher de faire des extrapolations. Nous avons travaillé sur des dossiers qu’elle avait compromis ». La procureure évoque « de nombreuses surveillances, y compris par drones, de point de deal qui n’ont rien donné à l’époque des faits ». « On s’était alors demandé s’il n’y avait pas des fuites tellement cela était systématique… ».
Les deux amants ont écopé de 4 ans de prison avec maintien en détention. La sous-officière a également l’interdiction définitive d’exercer toute fonction publique et toute activité professionnelle en lien avec la sécurité publique.