Dans les Deux-Sèvres ou ailleurs, les gendarmes sont là pour maintenir l’ordre et faire respecter la loi!

Photo : Les manifestants violents sont parvenus, brièvement, à pénétrer sur le chantier de construction d'une "bassine", motif de leur fureur... (capture d'écran : illustration AFP)

31 octobre 2022 | Vie des personnels

Temps de lecture : 4 minutes

Dans les Deux-Sèvres ou ailleurs, les gendarmes sont là pour maintenir l’ordre et faire respecter la loi!

par | Vie des personnels

Des tours en bois, façon "village gaulois", pour "ancrer la lutte" sur le terrain: les opposants aux réserves d'eau à usage agricole dans les Deux-Sèvres ont pris racine à Sainte-Soline au terme de deux jours de mobilisation. Après une manifestation (préalablement interdite par les autorités) de plusieurs milliers de personnes samedi 29 octobre 2022, et […]

Des tours en bois, façon "village gaulois", pour "ancrer la lutte" sur le terrain: les opposants aux réserves d'eau à usage agricole dans les Deux-Sèvres ont pris racine à Sainte-Soline au terme de deux jours de mobilisation. Après une manifestation (préalablement interdite par les autorités) de plusieurs milliers de personnes samedi 29 octobre 2022, et de violents heurts avec les forces de l'ordre, une partie des militants sont restés dimanche à proximité du chantier, interdit d'accès par quelque 1.500 gendarmes. Du jamais vu dans le département, selon les autorités.

Le collectif anti-bassines, surnom donné à ces retenues, occupe un terrain privé, prêté jusque mi-mai 2023 par un agriculteur opposé au projet. "On a bien l'intention d'en faire l'usage. Ce sera le point de départ de tout un tas d'actions de harcèlement qui vont être menées si les travaux venaient à continuer", a déclaré Julien Le Guet, porte-parole du collectif. "On attend urgemment un signe de l'Etat et clairement, si dans les jours qui viennent, on n'a pas une annonce d'un moratoire, une remise à plat du projet, on déclenche le dispositif", a-t-il ajouté.

De violents heurts et des dizaines de blessés, notamment parmi les gendarmes

Samedi 29 octobre, 4.000 personnes selon les autorités, 7.000 selon les organisateurs, s'étaient réunies à Sainte-Soline pour protester contre la réserve d'eau en construction, l'une des 16 prévues dans les Deux-Sèvres – une première fonctionne déjà. Le projet a été élaboré par un groupement de 400 agriculteurs dans le but de réduire leurs prélèvements pour l'irrigation durant l'été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver.

Ces "méga-bassines" de plusieurs centaines de milliers de mètres cubes chacune sont dénoncées par leurs détracteurs comme un "accaparement de l'eau" par l'agro-industrie du maïs, doublé d'une aberration écologique à l'heure du réchauffement climatique. À l'inverse, les partisans de ces retenues y voient une solution pour assurer la survie des agriculteurs face aux sécheresses à répétition.

Des heurts violents ont éclaté quand des manifestants ont voulu pénétrer sur le chantier, interdit d'accès par les forces de l'ordre qui les ont repoussés. Autorités et organisateurs ont fait état de plusieurs dizaines de blessés, une minorité ayant été hospitalisés. Le ministre de l'Intérieur évoque 61 gendarmes blessés, dont 22 sérieusement et cinq gravement. Des images, publiées par la Gendarmerie nationale de manière assez inédite, montrent un gendarme mobile atteint au visage par un explosion de feu d'artifice.

Attaqués à coups de cocktails Molotov et d'explosifs artisanaux, de boules de pétanque ou encore de mortiers d'artifices, cinq véhicules de gendarmerie ont par ailleurs été détruits.

Des gendarmes qui resteront "autant qu'il faudra"

Pour l'heure, les opposants ont pris racine sur leur campement en y édifiant des tours de guet. "On construit une vigie pour ancrer la lutte sur ce terrain, être en capacité de voir venir l'ennemi", a déclaré à l'AFP David, paysan boulanger de 43 ans ayant requis l'anonymat, en renvoyant à "l'imaginaire collectif" du "village de Gaulois". "Cette vigie se transformera en fortin et de façon permanente si le chantier des bassines reprend à Sainte-Soline. (…) On est sur la base arrière de la zone à défendre", a-t-il assuré.

Face à cette implantation et la menace de nouvelles actions, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a indiqué que "la main ferme de l'état sera au rendez-vous", rétorquant qu'un millier de gendarmes resterait sur place "autant qu'il faudra", pour empêcher l'installation d'une ZAD ("zone à défendre", ndlr) sur le chantier, dénonçant au passage "l'écoterrorisme" d'une partie des manifestants. "Il est hors de question de se voir reconstituer une nouvelle Notre-Dame-des-Landes" a conclu le ministre.

Notre-Dame-de-Landes : l’opération semble s’inscrire dans la durée (Vidéos – archive L’Essor 2018)

De nombreuses réactions syndicales et politiques

Aucune nouvelle tentative d'intrusion n'a eu lieu dimanche mais des militants ont sectionné une canalisation d'irrigation censée alimenter la future réserve d'eau. Selon les autorités, l'installation endommagée n'a pas de lien avec le projet et les syndicats agricoles FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) des Deux-Sèvres ont dénoncé un acte de vandalisme contre "l'outil de travail d'un agriculteur en polyculture élevage". Carte officielle à l'appui, le collectif anti-bassines a cependant maintenu que le réseau ciblé serait bien raccordé, in fine, à la retenue en construction.

Après un précédent rassemblement au printemps dans le département, la mobilisation de ce week-end intervient alors que la sécheresse historique de l'été a cristallisé les tensions autour des usages de l'eau.

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a défendu dimanche un projet "autorisé" et "d'intérêt général". "Voir des écologistes attaquer des projets qui en réalité permettent de mieux réguler notre consommation d'eau, c'est fou", a fustigé le député LR du Lot, Aurélien Pradié.

La députée EELV Sandrine Rousseau, qui a participé à la manifestation de samedi, tout comme l'eurodéputé Yannick Jadot, a au contraire apporté son soutien aux "militants qui occupent les terrains (…) pour signifier que ces projets-là nous envoient dans le mur". Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, a appelé à "parler du fond" – le "partage d'un bien commun" – plutôt que des violences "qui sont le fait d'une minorité".

Sur les réseaux sociaux, l'ex leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a fustigé l'intervention des forces de l'ordre, face à ce qu'il estime être une "manifestation pacifique", y compris en accusant de menteurs des comptes de soutien aux forces de l'ordre qui évoquaient le nombre de blessés, notamment parmi les gendarmes. Une prise de position qui a elle-même entrainé des réactions en chaine parmi les oppositions, à l'image de cette interview du député européen François-Xavier Bellamy (LR) :

AD (avec la rédaction et l'AFP)

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