C’était une promesse présidentielle très floue. Alors que près de 500 brigades de Gendarmerie ont été fermées en 15 ans, l’annonce de la création de 200 nouvelles brigades laissait plutôt dubitatif. Comme attendu, le patron des gendarmes, Christian Rodriguez, a donné des précisions sur ce sujet lors de son audition, mercredi 27 juillet par les députés de la commission de la défense de l’Assemblée nationale.
En campagne, Emmanuel Macron confirme la création de 200 brigades (low cost) de gendarmerie
Mais loin de clarifier les choses ou de rassurer, le premier grand oral du directeur général de la Gendarmerie a été plutôt surprenant. Christian Rodriguez a en effet annoncé qu’une partie de ces nouvelles brigades prendraient la forme de sections itinérantes appelées à dormir chez l’habitant ou en chambre d’hôte.
A voir en vidéo, un extrait de l'audition du directeur général de la Gendarmerie pic.twitter.com/bDVKDpRckw
— L'Essor (@Essor_Gie) August 1, 2022
Des missions de cinq jours
En effet, le directeur général a indiqué plancher sur des “brigades de tout modèle”, pour ce projet de 200 nouvelles unités. Dont “un modèle d’itinérance, avec un véhicule adapté et des gendarmes qui vont partir cinq jours dans des territoires où on ne va jamais”. “Concrètement ils partent, ils iront loger dans la chambre d’hôte ou chez l’habitant”, résume Christian Rodriguez, avant de préciser que “tout cela aussi génère de la proximité”.
Outre des gendarmes qui se déplaceraient en camping-car, le directeur général avait également mentionné un peu plus tôt des réflexions autour d’une dotation de gendarmes en trottinette, a priori ici pour des territoires plus urbanisés. “Nous sommes dans l’idée de sortir du manuel”, explique Christian Rodriguez aux députés.
Soit, explique le patron des gendarmes, le signe que l’Arme est en train de changer “radicalement” de modèle. “La dernière fois qu’on avait changé, c’était il y a 300 ans quand on avait territorialisé les brigades, rappelle-t-il. Nous revenons sur cette territorialisation stricte des brigades”, pour s’adapter à ces territoires et à leurs habitants.
Moqueries sur les réseaux sociaux
Mais ces réflexions ont pour le moment surtout suscité la moquerie sur les réseaux sociaux des gendarmes. Ainsi, ce militaire confie ironiquement être heureux d’être soumis au devoir de réserve. Et avec cette parodie du site Vetigend, ce portail destiné à l’équipement vestimentaire des gendarmes, d'autres plaisantins ont déjà détourné l’annonce du directeur général en proposant l’achat fictif d’une “grenouillère Psig pour dormir chez l’habitant” ou d’un bonnet de nuit.
Au-delà de cette annonce qui a donc crispé, gageons que d’autres passages de l’audition du directeur général ont également interpellé des gendarmes. Alors que Christian Rodriguez avait d’abord expliqué que le gendarme, ceux qui “sont sur le terrain”, était “la richesse” de l’Arme, il a ensuite dressé un tableau un peu caricatural du changement de logique actuelle, “d’une logique de guichet” à celle “de pas de porte”.
Il a ainsi mentionné par exemple des gendarmes en train “d’attendre à la brigade” qui pourront désormais être “dehors”. Les militaires qui s’estiment débordés dans leur unité apprécieront. De même, le directeur général a expliqué vouloir “qu’il n’y ait pas trop de gendarmes la nuit à ne pas faire grand chose”, une remarque qui sera mal comprise dans les unités territoriales en manque de personnel.