Florian Bouziani : invinctus

Photo : Le gendarme Florian Bouziani est champion du monde de paracyclisme (crédit photo : Gendarmerie nationale)

28 octobre 2021 | Sports

Temps de lecture : 3 minutes

Florian Bouziani : invinctus

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Florian Bouziani est un héros des temps moderne. Un champion à l’armure infaillible. Quand il raconte son histoire, il donne l’impression qu’il peut vous guérir alors que vous n’êtes pas blessé. Qu’il a quelque chose d’unique. Quelque chose en plus, qui pourrait faire envie s’il n’avait pas vécu l’enfer pour en arriver là. Derrière ce […]

Florian Bouziani est un héros des temps moderne. Un champion à l’armure infaillible. Quand il raconte son histoire, il donne l’impression qu’il peut vous guérir alors que vous n’êtes pas blessé. Qu’il a quelque chose d’unique. Quelque chose en plus, qui pourrait faire envie s’il n’avait pas vécu l’enfer pour en arriver là. Derrière ce gendarme, sportif de haut niveau handisport, il y a surtout un homme au destin cabossé, qui évoque la blessure à l’origine de son handicap d’un ton détaché. On peut se sentir mal à l’aise en l’écoutant, tant la violence de ce qu’il a vécu est à la limite de l’entendable. Florian Bouziani, c’est l’histoire d’un pilote amateur de moto-cross dont la vie a basculé le 5 octobre 2013. "Je bricolais la bécane avec un ami, la veille d’une course, et il a eu la malheureuse idée de jeter un briquet dans un récupérateur d’huile. Tout a explosé. J’ai pris feu. Je me suis débattu, et j’ai eu un réflexe: me jeter dans une piscine."

Brûlé à 80%

Ce jour-là, le jeune homme, âgé à l’époque de 23 ans, était en short, sandales et tee-shirt. Urgence. Suivront un pronostic vital engagé pendant 15 jours, 1 mois et demi de coma et une hospitalisation de 6 mois à La Conception de Marseille. Florian Bouziani est un grand brûlé: 80% de son corps sont touchés. Au réveil, il y a ce retour à une vie nouvelle, avec ce corps dont il ne veut pas. "J’ai été paralysé des pieds à cause des brûlures, et j’ai été amputé d’un doigt. Il a aussi fallu que j’accepte ma nouvelle image dans un miroir." 

Repousser les limites d'un corps meurtri 

Doucement mais sûrement, Florian Bouziani va réapprendre à se regarder. A retrouver une belle estime de soi. Et aussi à dompter sa colère. "Car j’ai subi les conséquences d’une connerie que je n’ai même pas commise. " Cruelle injustice. D’autant que l’auteur de la bêtise aura moins de séquelles. Et remontra même sur une moto. Florian Bouziani a dû se forger un caractère pour ne pas s’enliser. Il refuse de se victimiser. Tout d’abord lors de l’inévitable phase de rééducation, lente et douloureuse. Trois ans à apprendre à se reconstruire. A repousser les limites d’un corps meurtri. A ne jamais s’arrêter sur la douleur. A se dire qu’on peut vivre aussi de belles choses. Autrement.

La renaissance par le vélo

Comme un déclic. Le jour où il roule à vélo dans le cadre de sa rééducation, à défaut de monter sur une moto ou de courir, Florian Bouziani revit, "avec la sensation d’être quelqu’un de normal". Pourtant, les obstacles restent nombreux. "C’était compliqué, car ma peau ne pouvait pas prendre le soleil et je portais une tenue compressive qui me couvrait de la tête au pied. " Mais rien n’y faisait, "je me sentais libre, égal aux autres, et surtout, vivant!". Sa renaissance passera par le vélo.

Car l’ancien pilote est doué. Et on lui fait rapidement comprendre qu’il a peut-être un avenir dans le paracyclisme. Pour s’en convaincre, Florian Bouziani s’aligne sur des courses amateurs réservées aux valides : "personne ne voyait que j’étais différent. " Avec son handicap, une chute à vélo peut avoir de terribles conséquences. S’il revit grâce au vélo, Florian Bouziani partage aussi son vécu. Et devient une source d’inspiration et un exemple "pour ceux qui traversent des périodes difficiles, qu’ils soient ou pas en situation de handicap". "Mon histoire doit les convaincre qu’ils peuvent s’en sortir, coûte que coûte."

Partager et gagner  

Partager et gagner : voilà le projet de Florian Bouziani. Car sur le vélo, le maréchal des logis Bouziani s’affirme comme un redoutable compétiteur. Avec l’objectif affirmé de disputer les jeux Paralympiques de Paris en 2024, à défaut d’avoir pu disputer ceux de Tokyo pour une question de quota. En 2020, il a été recruté par la formation professionnelle Cofidis, qui montait une équipe paracycliste et qui lui apporte un soutien matériel. En février 2021, il devient l’un des rares athlètes handisports à intégrer la Gendarmerie sous le statut de sportif de haut niveau. Et, en mai 2021, il remporte sa première étape de coupe du Monde de paracyclisme à Ostende, en Belgique.

 "Merveilleux malheur"

Un mois plus tard, au Portugal, sur le circuit de Formule 1 d’Estoril, il enfile le maillot arc-en-ciel de champion du monde du contre-la-montre. Un bonheur intense, qu’il n’aurait jamais vécu "sans mon accident ". Le terme de "merveilleux malheur ", dit-il, prend alors tout son sens: "C’est un gros mal pour un gros bien", explique l’athlète. Chaque fois, d’ailleurs, que l’effort sur le vélo devient difficile, "je repense à l’accident, à mon hospitalisation, aux personnes qui m’ont toujours soutenu. Et je remets un coup de pédale". Cette renaissance sur le vélo et dans la vie est sans aucun doute la plus belle des victoires.

F.S.

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