Les jeux Olympiques et le sport militaire : l’un ne va pas sans l’autre

Photo : L’école normale militaire de gymnastique, juste après la guerre de 14-18. En 1920, le site a hébergé les athlètes qui préparaient les jeux Olympiques d’Anvers.

17 juillet 2021 | Sports

Temps de lecture : 4 minutes

Les jeux Olympiques et le sport militaire : l’un ne va pas sans l’autre

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Destins heureux, parfois contrariés, mais irrémédiablement liés. Le sport militaire et les jeux Olympiques sont indissociables depuis plus d’un siècle. Un chiffre, arrêté en 2016 à l’issue des JO de Rio, en témoigne : sur les 840 médailles françaises glanées depuis les premiers Jeux de l’ère moderne, en 1896, plus de la moitié l’ont été […]

Destins heureux, parfois contrariés, mais irrémédiablement liés. Le sport militaire et les jeux Olympiques sont indissociables depuis plus d’un siècle. Un chiffre, arrêté en 2016 à l’issue des JO de Rio, en témoigne : sur les 840 médailles françaises glanées depuis les premiers Jeux de l’ère moderne, en 1896, plus de la moitié l’ont été par des athlètes appartenant au monde militaire. Pour comprendre la raison de cette généreuse contribution, il faut remonter aux lendemains de la guerre franco-allemande de 1870. La France vient de perdre la guerre.

Les soldats français manquaient de condition physique

Pour Michel Merckel, historien et spécialiste du sport militaire, l’une des raisons de cette défaite cuisante est que "les Français manquent de condition physique, aussi bien les appelés que les militaires". Dans un climat international toujours aussi tendu, rendre la nation plus forte devient une priorité de la IIIe République naissante. Il faut anticiper la prochaine guerre franco-allemande et l’inévitable revanche. Le sport s’inscrit aussi dans un mouvement naturel (courir, sauter, grimper…) et un courant pacifiste. "Cette activité est vectrice de paix. Elle permet aux hommes de se rapprocher, de s’accepter. "

Michel Merckel est un historien du sport. (Crédit-photos DR)

La position ambivalente de l’humaniste Pierre de Coubertin

Ce modèle humaniste de l’activité physique est aussi incarné par un homme : Pierre de Coubertin. Dès 1896, il se pose en rénovateur des jeux Olympiques de l’ère moderne dont la première édition aura lieu à Athènes. "La position de Coubertin, qui est un humaniste, était ambivalente. Il a amené le sport pour préparer les Français physiquement à la guerre, mais aussi pour éviter le conflit grâce à ces jeux Olympiques", ajoute Michel Merckel. Dans un premier temps, ces Jeux soulèvent peu d’enthousiasme.

Les jeux Olympiques : une vitrine après l’horreur de la Grande Guerre

La guerre de 14-18, c’est aussi l’héritage d’une jeunesse française qui s’est adonnée à la pratique sportive sur le front pour oublier l’horreur du conflit. "Le sport va se démocratiser et gagner toutes les couches populaires", ajoute l’historien, auteur de l’ouvrage 14-18, Le sport sort des tranchées (Ed. Le Pas d’oiseau). Il y a aussi ces mois qui suivent l’armistice du 11 novembre 1918, "le temps que la paix soit négociée. La démobilisation est longue. Il faut occuper les soldats". Les Jeux interalliés de 1919 sont donc un succès. "L’engouement autour de cet événement est exceptionnel. On revit un peu après l’horreur de la Grande Guerre. "

Les Jeux de 1920, à Anvers, s’inscrivent dans cet élan. "A partir de cette date, les JO entrent dans la vie publique. » Relayée par les médias, l’épreuve devient une vitrine mondiale. Et la France trouve le moyen de montrer sa force, « pour rappeler que s’il avait fallu continuer le conflit, la jeunesse française était prête ". A l’arrivée, la France décroche 43 médailles, dont 9 en or. Un record !

En 1965, le président Charles de Gaulle, ici avec le champion Alain Mimoun, visite l'Institut national des sports. (Crédit-photos DR)

Charles de Gaulle en sauveur du sport olympique français en 1965

Dans l’histoire des Jeux, le sport français connaît toutefois un coup d’arrêt dès 1956, à Melbourne. Seulement 4 médailles d’or. "Ça grince ", rappelle Michel Merckel. La raison en est pourtant évidente : "La guerre d’Algérie maintient nos athlètes de plus en plus longtemps sous les drapeaux. Ils ne peuvent pas s’entraîner selon les exigences du haut niveau." Si le bataillon de Joinville est créé en 1956 pour les appelés sportifs de renom, les jeux de Rome sont un fiasco avec aucune médaille. Ceux de Tokyo sont à peine mieux avec une breloque d’or le dernier jour.

Heureusement, une fois de plus, Charles de Gaulle se pose en sauveur. "Le Général visite l’Institut national des sports en 1965. De réels moyens seront ensuite donnés au sport français et aux soldats du Bataillon de Joinville pour s’entraîner. " Et les résultats, à Mexico en 1968, sont immédiats. La France retrouve son statut de grande nation sportive.

L'Armée des champions rassemble de potentiels collectionneurs de médailles. (Crédit-photos DR)

L’Armée des champions : une réussite

En 1984, ce sont les Jeux de Los Angeles. « Pour la première fois, l’argent prend le dessus et les Jeux ne sont plus exclusivement réservés aux amateurs. A ce moment-là, les Jeux ont vendu leur âme au diable. » Toutefois, l’influence du monde militaire sur les Jeux en souffre peu. Elle reste même omniprésente. En 1996, la suspension du service militaire obligatoire "est formidablement anticipée. La succession des appelés du Bataillon de Joinville a été réussie avec la création de l’Armée des champions au Centre national des sports de la défense. Car les militaires sportifs restent de sérieux collectionneurs de médailles.

F.S.

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