Un sexagénaire de Vieillevigne (Loire-Atlantique) a été condamné mercredi 9 octobre 2024 à quatre mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nantes pour les nouveaux outrages et menaces de mort proférés en juin 2024 à l’encontre de gendarmes, de banquiers et d’une photographe.
Les juges ont révoqué en outre deux des six mois de prison prononcés – avec sursis le 11 mars 2024 – à son encontre, de l’une de ses précédentes condamnations. Ce photographe indépendant de 60 ans, avait traité à l’époque les gendarmes de « connards avides de pouvoir (…) de mort ». Le procureur de la République de Nantes n’avait pas non plus échappé aux insultes. L’auteur de ces douceurs verbales avait alors écopé de six mois de prison ferme, mais ceux-ci n’avaient alors pas été mis immédiatement à exécution.
Insultes et menaces de mort
Ces mots s’inscrivaient « dans un contexte », comme l’avait expliqué la présidente du tribunal. Après un différend sur l’évaluation de son propre matériel de photo, le sexagénaire avait lancé sur les réseaux sociaux une campagne de diffamation à l’encontre de la gérante d’une boutique spécialisée installée à Clisson. Cela avait alors valu à l’homme une première condamnation à six mois de prison avec sursis simple pour « envoi réitéré de messages malveillants » en novembre 2023. La procureure de la République avait décrit ce jour-là un prévenu « enfermé dans une spirale de persécution, qui s’autoproclame +juge des injustices+ qu’il estime avoir subies et qui distribue les sanctions ». Elle avait requis six mois d’emprisonnement ferme. Si l’homme avait fait valoir son « droit au silence » en garde à vue, promettant de « s’expliquer à l’audience »… il avait finalement « brillé par son absence », comme l’avait dit l’avocate des deux gendarmes outragés après sa première condamnation.
Mercredi 9 octobre 2024, c’est donc entre deux gendarmes et dans le box des prévenus que le sexagénaire a été présenté au tribunal correctionnel de Nantes. En juin 2024, il avait fait savoir à leurs camarades de Gétigné qu’il ne serait « pas le seul à mourir » et qu’ils seraient « tués en 2024 », en promettant de les « sanctionner mortellement » que ce soit par lui-même « ou par d’autres personnes ». Le parquet avait alors mis à exécution, à cette occasion, les six mois de prison ferme qu’il devait purger depuis mars 2024.
Un message aux « incompétents »
Cette troisième procédure avait plus précisément démarré par la plainte d’une employée d’une agence bancaire locale. Elle aussi avait reçu des « messages malveillants » sur sa messagerie professionnelle après qu’elle lui eut expliqué qu’il « ne produisait pas les documents requis » pour pouvoir ouvrir un compte bancaire. Le directeur de l’agence, avait donc porté plainte pour qu’il « cesse d’importuner ses équipes ». Mais le prévenu était ensuite passé devant sa vitrine et avait « mimé un geste de tir ».
La photographe de Clisson, avait elle aussi reçu de tels messages alors que le sexagénaire avait pourtant interdiction de la recontacter pendant trois ans, suite à sa précédente condamnation. « Le seul recours (de cette femme) sera de se suicider elle-même », avait aussi écrit le sexagénaire aux gendarmes de Gétigné, les qualifiant au passage d’« incompétents ». Une nouvelle salve d’insultes concluait son message aux militaires. C’est dans ce contexte, là encore, que le prévenu avait été convoqué pour être placé en garde à vue. Il n’y avait toutefois « pas déféré ».
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Un jeune gendarme traité de « nazi » et de « terroriste »
Un jeune gendarme de 19 ans de la brigade d’Aigrefeuille-sur-Maine, venu lui remettre sa convocation en mains propres, avait alors été traité de « nazi » et de « terroriste ». Les images avaient pu être enregistrées par la caméra-piéton du militaire, déclenchée peu de temps auparavant. Le gendarme pressentant de fait l’arrivée des « outrages » de cet « individu pas simple »… « Ce n’est pas normal d’être insulté ainsi alors que je veux juste aider la population », a déploré le jeune militaire lors du procès.
Ancien photographe à son compte, le prévenu a donc été condamné six fois au total. Il a expliqué à l’audience qu’il avait « arrêté provisoirement de travailler pour mieux se soigner », ayant « de très gros problèmes de santé ». C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait cherché à vendre son matériel photo à sa consœur de Clisson. Cela devait servir à « payer la partie non prise en charge » de ses soins. D’après ses déclarations, il prend en effet « 112 comprimés et gélules par semaine ». Il a, de plus, droit à « une injection pour le diabète ». L’homme présente surtout un caractère « hystéroïde » et est « impulsif », selon l’expert psychiatre qui l’a examiné.
Les codétenus du sexagénaire ont cru qu’il était pédophile
Sa première incarcération « se passe mal », du propre aveu du sexagénaire. Il évoque avoir été « violemment agressé » en détention. Du fait de son âge, selon lui, ses codétenus ont cru qu’il était « pédophile ».
« Monsieur doit arrêter de tourner en boucle sur le mode « Je suis victime ». Il va se fracasser contre la logique judiciaire car la loi sera toujours plus forte que lui », l’a mis en garde le procureur de la République. Cet homme « inintimidable » l’a fait « penser un peu à nos procéduriers habituels », ces justiciables qui multiplient les recours. Le représentant du ministère public avait donc requis six mois de prison ferme supplémentaires, six autres avec sursis probatoire, la révocation totale du dernier sursis et surtout un mandat de dépôt. L’avocate de la défense, Me Mathilde Lanneau-Sebert, avait sollicité l’indulgence pour cet homme « désespéré », dans une « situation inextricable », qui « ne peut plus payer sa dette à l’Urssaf ».
Outre ses six mois de prison ferme, l’homme aura désormais interdiction de recontacter ses victimes pendant trois ans. Il devra verser 1.200 euros de dommages et intérêts et de frais de justice à l’employée du Crédit Mutuel de Vieillevigne et plus de 2.700 euros pour les mêmes motifs aux trois gendarmes. Le tribunal n’a toutefois pas prononcé de mandat de dépôt, comme l’avait demandé le procureur, pour lui laisser une chance qu’un juge d’application des peines (JAP) le laisse purger sa peine sous une forme alternative à la détention.
Avec GF (PressPepper)
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