Ludovic Emanuely a deux vies. Dans la première, il travaille sur le continent africain où il est "facilitateur d’affaires ". Dans la seconde, il est inventeur de jeux de société.
Sa spécialité ? "Les "jeux minute", (ils durent de trois à huit minutes) qui font appel aux fonctions cognitives et pas aux savoirs", explique-t-il.
A 63 ans, Ludovic Emanuely revendique une centaine d’inventions, dont une dizaine sont allées jusqu’au stade du prototype, et deux – Démolution et Mémo 13 – ont jusqu’ici été commercialisées.
Fin 2021, son troisième jeu, L’œil du gendarme, est sorti. S’il l’a consacré à l’Institution, c’est d’abord parce que Ludovic Emanuely en est devenu réserviste citoyen, à l’invitation du général d’armée Marc Watin-Augouard, alors inspecteur général des armées Gendarmerie, qui "trouvait mon analyse sur l’Afrique intéressante. J’ai ensuite promu l’Institution en faisant venir les gendarmes à chaque fois que j’organisais des conférences sur l’Afrique, où l’Arme constitue l’institution française la plus cotée. Quand on parle de la Gendarmerie, les Africains ont les yeux qui brillent ".
De fil en aiguille, ce fils de militaire – son père était légionnaire – mène ses deux passions et propose au service de communication de l’Arme, le Sirpa, de créer un jeu de société.
La consigne : «"Surtout pas un jeu sur le thème des gendarmes et des voleurs. Ils voulaient un divertissement qui affirme les capacités d’expertise des gendarmes. Je leur ai donc proposé un jeu fondé sur l’observation, la restitution et la mémorisation. "
Testeurs exigeants demandés
Son jeu consiste donc à présenter aux participants un modèle sur lequel il y a entre 1 et 16 images représentant les différents véhicules utilisés par les gendarmes. Après l’avoir mémorisé, les joueurs ont une minute pour placer, sur leurs plateaux de jeux, les images au même endroit et dans la même orientation que sur le modèle.
" Personne n’a encore réussi les seize images" », s’amuse l’inventeur, qui comme d’habitude a d’abord testé sa création sur sa famille – deux enfants et trois petits-enfants. Ensuite, le jeu est passé entre les mains d’amis, mais aussi "de personnes lambdas à qui j’ai offert un verre et avec qui j’ai joué. Leurs remarques permettent de faire évoluer le jeu", explique-t-il.
"Avoir une idée, c’est bien, mais elle n’est bonne que si elle plaît aux autres", ajoute Ludovic Emanuely, qui préfère d’ailleurs les testeurs pointilleux, "les gens qui ne vous encensent pas, mais qui vont trouver la petite bête, le petit détail qui vous a échappé ".