Un homme condamné par le tribunal correctionnel de Nantes après son « suicide by cop » raté

Photo : Façade d'un tribunal correctionnel. (Illustration - G.Eichmann/WikimediaCommons)

13 janvier 2022 | Société

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Un homme condamné par le tribunal correctionnel de Nantes après son « suicide by cop » raté

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Six mois de prison ferme: c’est la peine infligée par le tribunal correctionnel de Nantes, le 11 janvier 2021, à un homme alcoolique et dépressif qui avait menacé les gendarmes avec des armes le 10 septembre 2021, à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique).

L’audience a révélé que ce père de famille de 46 ans avait tenté de reproduire un "suicide by cop" (suicide par gendarme interposé). Un phénomène issu des États-Unis qui consiste à agir de manière menaçante envers les forces de l’ordre pour provoquer leur réaction armée, dans le but de mourir. Mais les choses ne se sont pas passées comme l'avait prévu celui qui avait pris soin de rédiger une lettre d'adieux à l'attention de sa famille.

Il met en joue les gendarmes à deux reprises

Ce jour-là, il commence par appeler les militaires en leur laissant entendre qu’il va se donner la mort. Alors qu’une équipe de la brigade locale croise son chemin en se rendant à son domicile, il met en joue le véhicule sérigraphié avec ses armes, un pistolet et un fusil à canon scié, obligeant la conductrice à redémarrer en trombe. Le chef du peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (Psig) "Sabre" de Nantes est alors envoyé en médiateur avec trois de ses collègues. L’homme les pointe à nouveau avec ses armes qu’il décharge devant eux avant de leur tourner le dos. Une occasion saisie par les militaires qui réussissent à le plaquer au sol pour lui passer les menottes. "J'ai imprimé ton visage, je vais te retrouver et je vais te buter", leur lance-t-il furieux. Il sera finalement interné en psychiatrie jusqu’à son audition par la gendarmerie, onze jours après les faits.

Lors des perquisitions menées à son domicile, un "très grand nombre de cartouches", "un arc avec des flèches" et une feuille de boucher avaient été découverts, ainsi que 121 grammes d'herbe et six pieds de cannabis.

"Je cherchais juste à me faire tirer dessus"

"Je ne voulais pas faire de mal aux gendarmes, je cherchais juste à me faire tirer dessus", a-t-il plaidé à l’audience, évoquant notamment un "burn-out" et "l'effet de l'alcool". Et, de fait, quatre heures après son interpellation, l'éthylomètre affichait encore une alcoolémie de 1,4 g d'alcool par litre de sang…

Une circonstance qui n’excuse en rien ses actes pour la présidente du tribunal correctionnel de Nantes qui lui a rappelé que les militaires "sont des hommes et des femmes, pas des robots". "Il y a des conséquences psychologiques derrière, on n'est pas dans un jeu vidéo là", a tonné la magistrate.

L’audience aura ainsi permis de lever le voile sur le profil d’un homme à la dérive, replongé dans l’alcoolisme depuis qu’il a été licencié par son employeur, fumant régulièrement du cannabis "pour se relaxer", et durablement marqué par les violences que lui infligeait son père dans son enfance.

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Obligation de soins

Déjà condamné pour "violences" sur un sapeur-pompier en 2016, mais aussi à plusieurs reprises pour des délits routiers, le prévenu va être convoqué devant un juge d'application des peines (JAP). Il espère purger ces six mois d'emprisonnement ferme avec un bracelet électronique. Une peine alourdie de six mois de prison avec sursis probatoire s’il ne soigne pas son alcoolisme. Ce "passionné d’armes" a également reçu l’interdiction d’en détenir pendant les dix prochaines années.  

Il devra en outre verser 1.000 euros de dommages et intérêts à la gendarme qu'il a mise en joue et 800 euros aux quatre membres du Psig. Les militaires toucheront par ailleurs chacun 200 euros supplémentaires pour leurs frais de justice.

Rédaction de L'Essor, avec PressPepper.

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