Jugé pour "violence avec usage ou menace d’une arme suivie d’incapacité supérieure à huit jours", un gendarme de Nouzonville (Ardennes) a été condamné, le 10 mai 2023, par le tribunal correctionnel de Charleville-Mézières à huit mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans, accompagné d’une interdiction de port d’arme et d’exercice de sa fonction pendant un an.
Actuellement suspendu, le militaire avait, à plusieurs reprises, pointé son arme de service ainsi qu'un couteau envers ses collègues entre juillet 2019 et octobre 2020. Son supérieur de l’époque, aujourd’hui à la retraite, était jugé pour les mêmes faits. Absent de son procès, cet ancien militaire, qui tenait un rôle de commandement au sein de la brigade de Nouzonville, a écopé de six mois de prison avec sursis.
Il voulait imiter des scènes de film
A la barre du tribunal de Charleville-Mézières, le gendarme, âgé de 38 ans, a évoqué de regrettables "plaisanteries". "Nous imitions des scènes de film", a-t-il expliqué. L’Ardennais souligne que ces blagues de mauvais goût auraient duré plus d'un an. Des militaires auraient même été blessés. Appelé à témoigner au tribunal, un gendarme s’est notamment vu prescrire 45 jours d’incapacité totale de travail (ITT) "à la suite de ces actes" selon nos confrères. "En Gendarmerie, on nous apprend à toujours considérer une arme comme chargée. Donc, quand vous voyez quelqu’un vous pointer une arme dessus, c’est très difficile et très choquant. Surtout si c’est votre collègue", a-t-il notamment indiqué.
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Son ancien supérieur également condamné
Pour justifier son comportement et les menaces envers ses collègues, avec son arme de service et un couteau, le gendarme de 38 ans évoque un stress post-traumatique, suite à une intervention en 2019 à Bogny-sur-Meuse où les militaires avaient été pris à partie. Un argument balayé par la procureure. "Gendarme, c’est loin d’être une mission ordinaire. Ça demande de l’exemplarité et des responsabilités. On ne doit pas rigoler ou plaisanter avec son arme. J’aurais pu passer ça comme de l’immaturité professionnelle si vous sortiez d’école, mais là, ça fait de nombreuses années que vous travaillez".
La procureure a aussi pointé l’absence "de recadrage de la part des supérieurs, qui eux-mêmes participaient parfois à ce que vous appelez des plaisanteries". Quatre gendarmes ont été mutés à la suite d’une enquête. Egalement jugé, un ancien supérieur, aujourd’hui à la retraite, ne s’est pas présenté à son procès, son avocat, expliquant "qu’il n’a plus rien à perdre puisqu’il est retraité".
Muté quasiment un an dans un autre département, l'accusé avait ensuite été "suspendu, jusqu’en juillet, à l’issue de l’enquête de la Gendarmerie de Rethel". Au tribunal, il a de nouveau exprimé son souhait de réintégrer la Gendarmerie. Le tribunal l’a finalement condamné à huit mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans, avec une interdiction de port d’arme et d’exercice de sa fonction pendant un an. Le gendarme retraité a pour sa part écopé de six mois de prison avec sursis.