<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Un ancien gendarme, otage à Ouvéa, assure « avoir vu deux exécutions sommaires » après l’assaut

Photo : Des gendarmes du GIGN en 1988 à Ouvéa (photo d'illustration - DR)

18 décembre 2023 | Société

Temps de lecture : 2 minutes

Un ancien gendarme, otage à Ouvéa, assure « avoir vu deux exécutions sommaires » après l’assaut

par | Société

Samuel Ihage, dit "Sammy", 64 ans, vient de révéler dans un témoignage sur Nouvelle Calédonie 1ere , "avoir vu deux exécutions sommaires" le 5 mai 1988, à l'issue de l'assaut sanglant mené par des militaires du 11e Choc de la DGSE, du commando marine Hubert et du GIGN pour libérer les gendarmes otages des indépendantistes du FLNKS dans la grotte de Gossanah, dans le nord de l'île d'Ouvéa (Nouvelle-Calédonie).

Il ne donne aucune autre précision, ni sur les auteurs de ces deux exécutions sommaires, ni sur les conditions dans lesquelles seraient intervenus ces deux meurtres. Samuel Ihage, membre du "Sénat coutumier" depuis 2018, né sur l'ile de Lifou (Iles Loyauté), a servi en gendarmerie du début des années 1980 à 2000.

Après l'affaire d'Ouvéa, où il avait été blessé, Samuel Ihage affirme qu'il "était devenu un témoin gênant" et qu'il avait du accepter sa mutation à Tahiti, puis à Mayotte. Après cinq années, loin de son île natale, il avait été muté pendant sept années, à Païta, près de Nouméa où il avait terminé sa carrière de gendarme. Il avait ensuite regagné son île de Lifou.

Quatre gendarmes tués à Fayaoué

Le vendredi 22 avril 1988, 35 indépendantistes armés du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNK) avaient attaqué par surprise le cantonnement de 32 gendarmes mobiles et départementaux installé à la brigade de Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa (Nouvelle-Calédonie), tuant quatre gendarmes à coups de fusil de chasse et blessant grièvement un cinquième à l’arme blanche. Le commando avait pris en otages les 27 autres gendarmes et pillé l’arsenal de la brigade, dont un fusil mitrailleur et des fusils d’assaut Famas. Douze otages seront rapidement relâchés à Mouli (sud de l’île). Les quinze autres seront emmenés dans une grotte à Gossanah (nord de l’île) où ils seront rejoint volontairement par six gendarmes du GIGN. Leur libération interviendra le jeudi, après un assaut meurtrier (21 morts, soit 19 indépendantistes et 2 militaires du 11e Choc). De graves accusations seront ensuite portées contre des militaires français soupçonnés d’exactions et d’exécutions sommaires. La loi d’amnistie du 10 janvier 1990, prévue par les accords de Matignon d’août 1988 sur la Nouvelle-Calédonie, ne permettra pas de trancher sur les responsabilités des indépendantistes et des militaires.

Philippe Legorjus, qui commandait le détachement des gendarmes du GIGN et de l'EPIGN a précisé à L'Essor que "Sammy" avait en fait été pris en otage à deux reprises. La première fois le 22 avril 1988 à Fayaoué, où il était affecté, lors de l'attaque du FLNKS avant d'être relâché à Mouli. Selon Philippe Legorjus, Samuel Ihage "lui était ensuite venu en aide pour l'aider à négocier avec le FLNKS dans la grotte de Gossanah". C'est là qu'il avait alors été pris en otage une seconde fois, avant d'être libéré le 5 mai 1988. Philippe Legorjus a salué "son comportement exceptionnel et son dévouement incroyable".

PMG

Il faut « rendre justice » à tous les gendarmes « qui, au péril de leur vie, dans l’exercice de leur mission, ont été victimes de violences » dans le cadre des évènements d’Ouvéa en 1988, estime ce vendredi 9 septembre 2022 l’ancien magistrat Jean Bianconi.

Registre :

La Lettre Conflits

La newsletter de l’Essor de la Sécurité

Voir aussi