Trente-trois pour cent d’augmentation en six ans : les dépenses de fonctionnement des polices municipales progressent bien plus vite que les autres postes budgétaires des communes, selon une étude de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) publiée lundi. Cette hausse est « près de trois fois supérieure à celle des autres politiques publiques en section de fonctionnement », pour lesquelles les communes ont dépensé en moyenne 12 % de plus depuis 2017, constate l’étude.
Les effectifs de police municipale n’ont cessé de s’étoffer depuis une vingtaine d’années, selon le ministère de l’Intérieur, qui dénombre plus de 27.000 agents.
Le coût des polices municipales
« Malgré l’essor de ces polices, leur professionnalisation croissante, peu de données centralisées permettent de rendre compte de leur impact budgétaire pour nos collectivités », explique en préambule de l’étude André Laignel, maire PS d’Issoudun (Indre) et président de l’OFGL. L’organisme a donc chiffré le coût de fonctionnement des polices municipales: il s’élève à 36,5 euros par habitant en moyenne en 2023, soit un total de 2,2 milliards d’euros à l’échelle nationale.
L’étude note « de fortes disparités » parmi les 3.613 collectivités qui ont leur propre service de police. Rares dans les petites communes – seulement 3 % de celles de moins de 3.500 habitants en disposent – les policiers municipaux sont en revanche présents dans 82 % des villes de plus de 3.500 habitants.
C’est sur l’arc méditerranéen, notamment dans les villes touristiques, et en Île-de-France que les collectivités dépensent le plus pour leurs propres forces de sécurité.
La crainte d’un transfert de charge pour les communes
« Ces données doivent nous alerter », estime André Laignel dans le rapport, craignant que ces dépenses de sécurité ne deviennent un « transfert de charges asphyxiant » pour les communes.
Nicolas Daragon, ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien, avait annoncé mi-octobre vouloir relancer le Beauvau des polices municipales. Initiées en avril par le précédent gouvernement, ces concertations avaient été stoppées par la dissolution de l’Assemblée. Elles ambitionnaient de « réfléchir au rôle des polices municipales et à l’évolution de leurs missions », notamment pour élargir les prérogatives de ces agents.
(Avec l’AFP)
Lire aussi : La police municipale, comme secteur de prédilection pour la reconversion des gendarmes