L’armement des polices municipales, que LFI remet en question à un an des élections municipales, s’est largement généralisé au sein des communes franciliennes de tous bords politiques, à l’inverse de Paris dotée d’une importante force non armée.
Interrogée dimanche sur BFTMV, la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, a estimé qu’« une police municipale de proximité n’a pas besoin d’être armée », provoquant un tollé dans la classe politique.
A Cergy, pas de brigade de nuit sans arme
Jusqu’en 2022, la police municipale de Cergy n’avait pas d’armes létales. Mais lorsque la ville-préfecture du Val-d’Oise a voulu monter une brigade de nuit non armée, son offre a reçu… zéro candidature.
« Alors j’ai pris la décision que la police municipale de nuit serait armée. Et une fois que j’ai mis l’armement, j’ai pu constituer ma brigade de tranquillité nocturne sans problème », raconte à l’AFP le maire socialiste Jean-Paul Jeandon.
Par capillarité, les brigades d’après-midi ont alors réclamé le droit de s’armer à partir de 13h00. Sans imposer d’obligation, la municipalité a laissé aux policiers municipaux la liberté de s’armer, ce qu’a fait la grande majorité des agents.
« Au départ je considérais qu’il n’y avait pas de nécessité d’armement, c’est pourquoi pendant quasiment vingt ans la police municipale n’était pas armée. Mais on a une montée des incivilités du quotidien qui fait que les policiers municipaux ont un métier à risques, c’est surtout pour leur sécurité », estime M. Jeandon.
Sous l’autorité directe d’un maire, quand les agents nationaux dépendent du ministère de l’Intérieur, les policiers municipaux ne peuvent arrêter une personne sans flagrant délit, tout comme ils ne peuvent procéder à un contrôle d’identité ou la fouille d’un véhicule sans avoir directement constaté une infraction.
Saint-Denis est passé de 40 à 120 policiers en six ans
A Saint-Denis, principale ville de Seine-Saint-Denis, le renforcement et l’armement de la police municipale étaient l’une des grandes promesses de campagne du socialiste Mathieu Hanotin lors de son élection en 2020 à la tête de ce bastion communiste.
Auparavant cantonnée à un rôle de police administrative, la police municipale de Saint-Denis s’est vu attribuer un rôle de participation à la sécurisation de l’espace public, avec un fonctionnement 24h/24.
Ses effectifs ont triplé, passant de 40 à 120 policiers en six ans, en parallèle du développement de la vidéosurveillance dans la commune et de l’armement des agents. Une politique sécuritaire vertement critiquée par l’opposition locale.
« Avec LFI, c’est de facto la fin des polices municipales, du moins celles qui participent au continuum de sécurité. Cette position pour moi est complètement archaïque, elle nie les évolutions sur la réalité du terrain », fustige M. Hanotin, toutefois favorable à laisser à chaque maire l’appréciation d’armer ou non sa police municipale.
Un armement pour 80% des polices municipales
« L’armement des polices municipales, qui n’allait pas de soi historiquement, s’impose désormais comme une évidence pour une large majorité des communes », notait en mai un rapport d’information sénatorial sur les polices municipales.
Selon ce rapport se basant sur les données du ministère de l’Intérieur, le nombre d’agents de police municipale a fortement cru au fil des ans (de 15 765 agents en 2012 à 21 772 en 2023) mais la proportion d’agents armés est restée globalement stable et élevée, autour de 80%.
A Aubervilliers deux usages des armes en cinq ans
A l’instar de Saint-Denis, l’armement de la police municipale à Aubervilliers a été l’un des points de campagne avancés par la candidate élue en 2020.
Sous la bannière UDI, Karine Franclet a renforcé en effectif et équipement une force municipale qu’elle jugeait moribonde, pour répondre « à une énorme demande de sécurité de la part des habitants (…), pas pour être dans un délire ultra sécuritaire ».
En cinq ans, la police municipale d’Aubervilliers a fait par deux fois usage d’arme létale. La première contre un véhicule dont le chauffeur avait pris la fuite. La seconde, en juin 2024, a entraîné la mort d’un homme de 47 ans qui vivait dans la rue. Ce dernier, tué par un tir d’un policier municipal au niveau du thorax, venait d’agresser au tournevis un agent de propreté et un autre policier.
« L’objectif est surtout de ne jamais faire usage de l’arme », affirme Karine Franclet. « Être dissuasif », c’est en effet le leitmotiv de l’édile de cette ville très pauvre limitrophe du XIXe arrondissement de Paris qui assure que ses policiers municipaux « ne sont pas des cowboys ».
Par Alexandre MARCHAND et Amélie BARON (AFP)
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