Le premier tour des élections législatives se déroulera dimanche dans le cadre d'un dispositif de sécurité renforcé en Nouvelle-Calédonie, où les tensions restent vives après les émeutes, entamées le 13 mai 2024 et causées par la réforme électorale rejetée par les indépendantistes.
Il y a trois semaines, le scrutin européen du 8 juin (9 juin en métropole) avait connu un taux d'abstention de 86,5 %, dans un contexte d'insécurité et d'entrave à la circulation. Pour l'élection des deux députés du territoire français du Pacifique Sud, les autorités anticipent une participation bien supérieure des 229.000 électeurs Calédoniens inscrits, et ont adapté leurs moyens. "Il y aura des files d'attente aux heures de forte affluence, nous allons les sécuriser", a promis le haut-commissaire de la République Louis Le Franc, ajoutant : "Le dispositif de sécurité sera donc renforcé".
Plus de 3.500 policiers, gendarmes et militaires ont été envoyés en renfort dans l'archipel depuis le début des violences le 13 mai. Actuellement, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 35 unités de forces mobiles (CRS et EGM)sont déployées sur le Caillou, dont 30 escadrons de gendarmerie mobile, un chiffre à comparer avec le nombre total des EGM qui s'élève à 109.
Selon le dernier bilan officiel, ces violences se sont soldées par neuf morts, dont deux gendarmes, et des dégâts matériels considérables. Conséquence à Nouméa, seuls sept bureaux de vote seront ouverts dimanche, contre 56 normalement. Un de plus que pour les européennes.
"C'est une élection hors norme", a commenté Alan Boufenèche, directeur de la vie citoyenne de la ville. "Trois semaines pour la préparer, c'est extrêmement court" car des agents ont des difficultés à se rendre sur leur lieu de travail". Lors du scrutin européen, les communes d'Ouvéa (sur l'île d'Ouvéa) et de Kouaoua, sur la côte est de l'île de la Grande Terre, à 175 km de Nouméa, n'avaient pu ouvrir leurs bureaux de vote pour cause de mobilisation indépendantiste.
Un tiers des véhicules municipaux de Nouméa brûlés
"Pour les législatives, aucune commune n'a indiqué qu'elle ne souhaitait pas ou ne pouvait pas organiser le scrutin", a assuré le représentant de l'État. "S'il y avait des éléments, individuels ou collectifs, qui voulaient s'opposer à l'exercice du droit de vote qu'ont les électeurs calédoniens, je prendrai mes responsabilités avec les forces sécurité intérieure", a assuré M. Le Franc.
Aucun mouvement politique n'avait donné jeudi de consignes de boycott du scrutin législatif.
Signe de l'intérêt de la population pour l'élection, une file s'est formée devant le commissariat central de Nouméa pour faire établir des procurations.
Active dans les médias, la campagne est restée absente des murs des villes et des villages. Du Nord au Sud de la Grande Terre, pas un panneau électoral. "Les maires n'ont pas souhaité la propagande", a expliqué le haut-commissaire. "Les ateliers municipaux de la ville ont été pillés, brûlés. Plus d'un tiers de nos véhicules sont en cendre. Donc, on n'a pas aujourd'hui les moyens matériels pour mettre en place ces panneaux d'affichage", a relevé Alan Boufenèche.
PMG (avec l'AFP)
Le transfèrement de sept indépendantistes en métropole ravive les tensions en Nouvelle-Calédonie