Entre les stands de développeurs, militaires et forces de l'ordre se fraient un chemin pour recruter à la Paris Games Week, plus grand salon français du jeu vidéo. "Je n'ai jamais commenté de simulateur de vol, c'est une première", s'exclame Brawks, Kevin Georges de son vrai nom, micro à la main sur la scène principale de l'événement installé jusqu'à dimanche porte de Versailles à Paris.
Derrière l'ancien joueur professionnel de Call of Duty et créateur de contenu en ligne aux 170.000 abonnés sur Youtube, trois écrans géants où s'affiche un mot d'ordre : "devenir aviateur", surmonté du logo de l'Armée de l'air et de l'espace.
L'attraction du jour, deux cockpits accompagnés de paires de lunettes de réalité virtuelle et manette de jeu, reproduisent le vol des avions Rafale dans un étonnant mélange des genres. Brawks, habitué au commentaire de jeu en ligne, est rejoint sur scène par deux militaires venus vanter les possibilités de carrière et les quelque cinquante corps de métiers de l'institution.
A une vingtaine de mètres, le stand animé par des officiers de recrutement voit défiler les curieux venus s'essayer aux quatre minutes de simulateur aérien. Ici, ni prospectus, ni grand discours : l'institution mise sur la technologie pour se faire connaître auprès d'un public jeune et très connecté. Si cette présence dans le salon est une première pour l'Armée de l'air, la Gendarmerie réitère l'expérience pour la deuxième fois. "Je ne m'attendais pas spécialement à les voir ici, ça m'a un peu surpris", s'étonne Alexandre, 20 ans.
"Gendarmerie gaming" floqué sur une casquette
Le jeune homme, vendeur, passera les concours de recrutement cette année. Mais dans la foule qui attend de monter à bord d'une voiture Alpine ou de s'essayer au jeu Gran Turismo simulant la conduite d'un véhicule de Gendarmerie, beaucoup ne sont pas familiers des métiers proposés. La fréquentation du salon, où afflue un public jeune, est idéale pour une institution venue avec trois objectifs : promouvoir l'image de la Gendarmerie, sensibiliser au cyber-harcèlement et faire connaître ses besoins de recrutement (quelque 12.000 postes par an).
Lancement d’une campagne de recrutement Gendarmerie/Police
"On est comme tout le monde, on joue aussi aux jeux vidéo, le but c'est de montrer qu'on est accessibles", explique la capitaine Marie Mongredien. Une casquette floquée "Gendarmerie gaming" trône sur une table.
Une approche qui fait écho au lancement en janvier 2022 de LNX, un projet d'esport (ou e-sport) au sein de l'armée, dont l'ancienne ministre Florence Parly avait fait la promotion en parlant d'un "potentiel d'attractivité et de rayonnement considérable".
Si le projet ne semble pas avoir pris l'essor attendu – LNX a annoncé en septembre 2023 l'annulation d'un tournoi d'esport réservé aux militaires à cause d'un manque de participants – le rapprochement des forces de l'ordre et de défense avec l'univers du jeu vidéo n'a pas attendu les initiatives officielles.
Depuis 2017, l'association DCPJ permet à des joueurs de la franchise GTA de se retrouver sur un serveur adapté et d'incarner des forces de l'ordre ou des pompiers en action. Le tout en mêlant dans les équipes environ 300 membres actifs, des civils et des membres des forces de police.
"On peut par exemple accueillir un jeune de 16 ans passionné par le métier de policier, et qui va pouvoir le découvrir via le jeu avec des joueurs qui sont eux-mêmes de vrais policiers dans la vie", explique Maxime Rio, co fondateur de l'association. Face aux évolutions technologiques, celui qui a désormais intégré la Police nationale salue la présence de la Gendarmerie à la Paris Games Week. "L'influence positive auprès des jeunes passe par ce type de communication, je suis très content de voir que les institutions en prennent conscience et s'y mettent aussi".
(Avec AFP)