La Gendarmerie maritime va appliquer une nouvelle doctrine d’intervention en mer contre les traversées clandestines vers l’Angleterre

Photo : Dans le cadre d'une nouvelle doctrine, la Gendarmerie maritime va pouvoir intercepter directement en mer des bateaux suspectés d'être des taxi-boats, avant qu'ils n'embarquent des migrants. (Photo d'illustration: Archives)

28 novembre 2025 | Société

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La Gendarmerie maritime va appliquer une nouvelle doctrine d’intervention en mer contre les traversées clandestines vers l’Angleterre

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Face à une pression migratoire importante et des traversées périlleuses toujours plus nombreuses grâce aux taxi-boats, la France va mettre en pratique une nouvelle doctrine en confiant à la Gendarmerie maritime la charge d'intercepter et contrôler en mer ces embarcations clandestines avant qu'elles n'embarquent des migrants.

Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi 28 novembre 2025 qu’elle allait débuter « prochainement » des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l’Angleterre. L’interception de ces embarcations, confiée à la Gendarmerie maritime (GMar), devra toutefois intervenir avant qu’elles n’embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois. De fait, les forces de sécurité et les forces maritimes françaises peinent à trouver la parade face aux « taxi-boats ». Ce mode d’action des passeurs consiste à faire partir une embarcation d’un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants. Le taxi-boat s’approche ensuite du rivage et vient récupérer, en une ou plusieurs fois, des passagers directement dans l’eau. Il poursuite ensuite sa route vers l’Angleterre.

La Gendarmerie maritime à la manœuvre

« La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d’effectuer des opérations de contrôle et d’intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d’être des taxi-boats », a déclaré à l’AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar), confirmant des informations du journal Le Monde. Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime et les préfets  du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais. Le ministère de l’Intérieur français, contacté par l’AFP, n’était pas joignable dans l’immédiat pour réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi que Londres a « déjà travaillé à s’assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu’elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes ».

Changement de doctrine

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, les conventions internationales prévoient que seul un dispositif de secours puisse intervenir en cas de besoin. Et ce, en raison des risques que présentent ce type d’opérations en mer.

Désormais, il pourra aussi y avoir des « opérations de contrôle et d’intervention issues d’études menées par l’ensemble des services de l’Etat concernés », a précisé la Premar. Elles « comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine ».

« L’ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés », a souligné vendredi à l’AFP Cécile Gressier, la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Une intervention de la Gendarmerie maritime possible avant l’embarquement de passagers

Ces futures opérations de la Gendarmerie maritime auront lieu en amont de l’embarquement de passagers. Et ce, afin de ne pas mettre leurs vies en péril, a précisé à l’AFP un porte-parole de la Premar.

De même, « l’emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n’est pas envisagé à ce stade », toujours selon la Premar. Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l’indignation d’associations d’aide aux migrants et d’ONG comme Amnesty International.

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l’Angleterre surchargés. Ils transportent ainsi régulièrement plus de 70 candidats à l’exil, dans des conditions périlleuses. Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles.

Un flux migratoire continu vers l’Angleterre

Depuis le 1er janvier 2025, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques. Soit plus que sur la totalité de 2024, mais moins qu’en 2022, année record avec 45.000 traversées réussies.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Erythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l’extrême droite, a annoncé ce mois-ci une réforme pour durcir sa politique d’asile et d’immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces petites embarcations qu’il peine à endiguer.

L’Essor, avec Etienne BALMER et Caroline Nelly PERROT (AFP)

Lire aussi : Davantage de moyens pour lutter contre les traversées de migrants dans la Manche et la Mer du Nord

La question du mois

Bruno Retailleau, pour lutter contre la violence et les narcotrafics en Guadeloupe, a confirmé l’installation de « deux escadrons de gendarmerie mobile, sans enlever le peloton de la garde républicaine », mais aussi de « deux brigades nautiques », une de gendarmerie et une de police respectivement en Basse-Terre à Gourbeyre et à Pointe-à-Pitre. Pensez-vous que cela sera une réponse satisfaisante ?

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