Elle reconnaît avoir été "énormément touchée par cette affaire". À la barre du tribunal correctionnel de Marseille, jeudi 3 mars, l’adjudante-cheffe Carole Bassompierre a livré un témoignage émouvant lors du procès du dentiste Lionel Guedj, accusé d’avoir effectué des soins inutiles sur des centaines de patients souvent pauvres, jusqu'à les mutiler.
Des dents saines dévitalisées
Installé dans un quartier pauvre du nord de Marseille, le praticien de 41 ans, est poursuivi avec son père Carnot pour s'être enrichi sur le dos de l'Assurance maladie et des mutuelles en réalisant un maximum de prothèses dentaires sur des patients qui n'en avaient pas besoin, après avoir dévitalisé des dents saines, mutilant certains d'entre eux à vie.
"Sans trop d'explications, ils se faisaient tailler les dents, dévitaliser toutes leurs dents, souvent même sur des dents saines", alors qu'ils venaient parfois pour une simple carie ou un détartrage, a ainsi témoigné la gendarme, à l’époque affectée à la division Santé publique et environnement de la section de recherches de Marseille.
"Et la souffrance n’est pas que physique. Les gens n’osent plus avoir de relations intimes à cause de leur mauvaise haleine, ils n’ont plus de plaisir de manger", ajoute-t-elle.
Lors des longues auditions des plaignants, elle a trouvé des personnes "complètement perdues", "avec une souffrance énorme, qui s'écroulaient en pleurs dans le bureau", insiste l’adjudante-cheffe, la voix tremblante.
Parmi les praticiens les mieux rémunérés de France
Elle a décrit des "personnes démunies, qui n'ont pas de salaires exorbitants, ne comprenaient parfois pas la langue française, mais qui comprenaient qu'ils s'étaient fait avoir et appelaient au secours". Face à cette souffrance, le dentiste a campé sur ses positions, jusqu’à conduire la présidente à lui demander s’il n’allait pas "à un moment (se) remettre en question".
"Je reconnais des mauvais choix de traitement, des erreurs thérapeutiques, mais jamais dans le but de nuire", a concédé celui qui figurait en 2010 en tête des praticiens les mieux rémunérés en France avec un chiffre d'affaires de 2,6 millions d'euros et des revenus mensuels entre "60.000 et 80.000 euros par mois".
Le procès doit se poursuivre jusqu'au 8 avril.
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