Selon la colonelle Fabienne Lopez, à la tête de la division des opérations du commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace, les gendarmes sont en charge d’un peu moins de la moitié des enquêtes judiciaires sur les filières de faux passes sanitaires.
Sur les 435 enquêtes ouvertes, 193 sont en effet conduites dans l’Arme. Ce qui représente environ 100.000 faux passes sanitaires, la moitié des près de 200.000 sésames repérés comme frauduleux. Toutes ces enquêtes sont coordonnées par l’Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique).
Nous condamnons et nous poursuivons les utilisateurs et les trafiquants de faux pass sanitaires.
435 enquêtes judiciaires ont été ouvertes.
J’ai demandé aux services de cybersécurité de la @PoliceNationale et de la @Gendarmerie d’être particulièrement vigilants. pic.twitter.com/30KLu8eOg1— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 4, 2022
Un gendarme du Lot soupçonné d’avoir bénéficié d’un faux passe sanitaire
La division des opérations de Fabienne Lopez, qui a repris l’essentiel des forces de l’ancien Centre de lutte contre les criminalités numériques, intervient en appui quand les investigations s’orientent sur le champ du numérique. Ce qui est fréquemment le cas.
“Ces faux passes sont générés par des pirates qui se sont introduits sur les sites professionnels de médecins ou pharmaciens, après avoir récupéré leur numéro d’identifiant, qui est public”, explique ainsi la colonelle Fabienne Lopez au quotidien chrétien La Croix. “Des praticiens peuvent aussi être eux-mêmes auteurs de faux passes ou avoir sciemment donné leurs codes à des pirates”, ajoute-t-elle.
Selon l’officière supérieure, ces filières sont plutôt l’apanage de petites structures criminelles. “Il peut y avoir l’individu qui génère les passes, associé à celui qui fait la publicité et à un autre qui revend, détaille-t-elle. D’un point de vue cyber, ce n’est pas le haut du spectre. Mais c’est de la criminalité organisée, qui utilise le vecteur du Web pour commettre des infractions de masse en se rendant anonyme.”
Le commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace a fait ses premiers pas
Achats de confiance
Autre source d’information pour les enquêtes: la sécurité sociale ou le conseil de l’Ordre des médecins peuvent également signaler aux autorités judiciaires des anomalies, par exemple “un nombre anormal de passe généré par un médecin”.
Les gendarmes de leur côté peuvent également lancer des achats de confiance (et non des coups d'achat, comme indiqué dans un premier temps par erreur), après validation du parquet, en achetant sous pseudonyme des faux passes. Une manière d’identifier des vendeurs grâce à des réquisitions ultérieures (téléphonie, opérateurs internet) ou après un rendez-vous physique.
A ce sujet, la colonelle Fabienne Lopez regrette un manque de coopération de certains fournisseurs d’accès à internet et réseaux sociaux. Ainsi, sur trois enquêtes récentes, deux sont bloquées par l’absence d’un retour de réquisition judiciaire, une obligation punie d’une amende de 3.750 euros si elle n’est pas respectée.