Il y a soixante ans, la mort de Bastien-Thiry, le dernier condamné à mort fusillé en France

Photo : Jean-Marie Bastien-Thiry, sur un tract de propagande édité par l'OAS et saisi par la Sûreté nationale.

11 mars 2023 | Société

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Il y a soixante ans, la mort de Bastien-Thiry, le dernier condamné à mort fusillé en France

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Le 11 mars 1963, l'ingénieur-en-chef de 2eme classe de l'Armée de l'air Jean-Marie Bastien-Thiry, organisateur de l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle six mois auparavant, était passé par les armes dans le fort militaire d'Ivry, près de Paris. Ce fut le dernier fusillé en France. Agé de 35 ans, l'ingénieur militaire de l'Air […]

Le 11 mars 1963, l'ingénieur-en-chef de 2eme classe de l'Armée de l'air Jean-Marie Bastien-Thiry, organisateur de l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle six mois auparavant, était passé par les armes dans le fort militaire d'Ivry, près de Paris. Ce fut le dernier fusillé en France.

Agé de 35 ans, l'ingénieur militaire de l'Air de deuxième classe (équivalent du grade de lieutenant-colonel) Jean-Marie Bastien-Thiry, avait été condamné à la peine capitale le 4 mars 1963 par la Cour militaire de Justice à Vincennes, comme chef du complot contre la vie du président de la Ve République Charles de Gaulle et comme chef du commando chargé de l'attentat. Ce jugement, aux termes de l'ordonnance instituant le 1er juin 1962 cette juridiction d'exception pour statuer sur des faits liés à la guerre d'Algérie, était sans appel ni recours possible en cassation. Contrairement à deux autres condamnés à mort dans l'attentat du Petit-Clamart, il n'avait pas été gracié par le général de Gaulle.

Un gendarme a sauvé la vie de De Gaulle

Le 22 août 1962, treize activistes de l'Organisation de l'armée secrète (OAS), dont Jean-Marie Bastien-Thiry, participent à l'opération (nom de code "Charlotte Corday"), qui reste l'attentat le plus abouti contre le général de Gaulle. Ce jour-là peu avant 20h00, les conjurés tendent une embuscade au Petit-Clamart au convoi escortant le général de Gaulle vers l'aérodrome militaire de Villacoublay. Quelque 180 balles sont tirées à l'aide de plusieurs fusils-mitrailleurs sur la DS noire du général de Gaulle, assis dans le véhicule avec son épouse Yvonne et son gendre Alain de Boissieu. 14 projectiles touchent la DS présidentielle conduite par un sous-officier de gendarmerie, l'adjudant-chef Francis Marroux, chauffeur attitré du général. Miraculeusement, aucun des quatre passagers n'est touché, même si plusieurs projectiles frôlèrent le général de Gaulle et son épouse, installé à l'arrière. Malgré la crevaison des deux pneus avant, Francis Marroux parvint à rallier Villacoublay.

En moins d'un mois, la majorité des membres du commando, dont Bastien-Thiry, sont arrêtés. Devant la Cour militaire de Justice, présidée par un général, Compagnon de la Libération, le chef des conjurés, un brillant polytechnicien créateur du missile sol-sol SS-10, avait dénoncé tout à la fois les fondements de la Ve République, la politique algérienne du général et son pouvoir "tyrannique". Il sera condamné à mort, le 4 mars, ainsi que deux des tireurs du Petit-Clamart , qui furent graciés. Le général de Gaulle refusa de gracier Bastien-Thiry, marié et père de trois fillettes.

Le dernier des fusillés

Jean-Marie Bastien-Thiry sera fusillé par un peloton de l'armée de Terre une semaine plus tard, le 11 mars 1963 à l'aube, au fort d'Ivry ; un site complètement bouclé par des centaines de gendarmes mobiles. Son corps fut inhumé le même jour dans le carré des suppliciés du cimetière de Thiais (Val-de-Marne), puis transféré un mois plus tard au cimetière de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine). C'est là que le Cercle Bastien-Thiry, qui entretient sa mémoire depuis 60 ans, prévoit une "cérémonie du souvenir" le samedi 11 mars 2023 à 14h30.

L'exécution de Jean-Marie Bastien-Thiry fut la quatrième et dernière par fusillade après les trois condamnations à mort prononcées pour des attentats commis au nom de l'OAS : le 7 juin 1962, Albert Dovecar et Claude Piegts avaient été fusillés au fort du Trou d'Enfer à Marly-le-Roi (Yvelines) ; un mois plus tard, le 6 juillet 1962, le lieutenant Roger Degueldre est passé par les armes au Fort d'Ivry.

Il n'y aura plus d'exécution par fusillade en France après celle de Jean-Marie Bastien-Thiry. La dernière exécution par décapitation sera celle de d'Hamida Djandoubi, guillotiné le 10 septembre 1977 à la prison des Baumettes de Marseille. La peine de mort a été abolie en France en octobre 1981.

PMG

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