Jugé pour violence avec arme sur militaire, un homme a été condamné, le 21 mai 2024, à une peine de huit ans de prison ferme par le tribunal de Saint-Omer (Nord).
Le 17 novembre 2022, le prévenu avait été maîtrisé par les gendarmes à l’hôpital d’Helfaut. L’altercation s’était finie par un coup de feu. Un gendarme du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig) de Wazier avait été grièvement blessé au genou et a dû observer une période d’interruption totale de travail (ITT) de 90 jours.
Comme le souligne La Voix du Nord, l’avenir professionnel du gendarme grièvement blessé est toujours incertain car "la blessure pèse encore". Tout comme cinq autres militaires présents ce soir-là, la victime était présente au procès de son agresseur, tout comme deux employés de l’hôpital d’Helfaut.
Les images muettes de la caméra piétonne du gendarme blessé ont été diffusées à l’audience et reviennent sur les faits. On y voit tout d’abord les gendarmes tenter d’emmener le prévenu dans une autre pièce. Ils le prennent par le bras "et la scène devient rapidement chaotique" écrivent nos confrères. Une lutte est engagée entre le prévenu et les gendarmes qui fondent sur lui. Difficile alors de distinguer ce qui se passe car la caméra est bloquée par le corps d’un autre gendarme. Depuis l’étui sur la jambe du gendarme, l’arme est ensuite saisie. "C’est là qu’est parti le coup de feu", enchaîne ensuite le président du tribunal de Saint-Omer. Sur les images on observe alors l’arme de service du gendarme et plusieurs mains l’agrippant. Dans la foulée, le gendarme, portant la caméra, chute puis rampe jusqu’à la sortie.
"Sans-froid admirable"
À l’audience, l’avocate des gendarmes n’a pas manqué de souligner le "sang-froid admirable" et le "courage" dont ont fait preuve les militaires quand ils ont maîtrisé le prévenu. Face aux images, l’homme, âgé de 36 ans et originaire de l’Essonne, a indiqué qu’il ne se souvenait pas de "grand-chose", ajoutant : "ça aurait pu être pire pour moi". Une dernière remarque qui n’a pas manqué d’agacer le président. Ce dernier lui a alors rappelé que les gendarmes "étaient largement dans le cadre légal pour vous abattre, monsieur".
Selon le procureur Mehdi Benbouzid, le prévenu a un profil "dangereux". Il a été l’auteur de menaces très violentes envers le personnel de l’hôpital le jour des faits. Il compte vingt-quatre mentions à son casier judiciaire dont neuf pour des menaces et altercations avec des forces de l’ordre.
Expertise psychiatrique
Durant le procès, la santé mentale du prévenu a été centrale. Juste avant son transport à l’hôpital, il s’était notamment mutilé et aurait indiqué: "C’est bon, il est l’heure, tu peux me mettre une balle dans la tête". Deux expertises psychiatriques ont été réalisées. L’une évoque une "simple altération du discernement" au moment des faits, et l’autre souligne un "délire aigu" et aboutit à une conclusion d’abolition du discernement.
Le tribunal s’est rangé derrière la première expertise et a condamné le prévenu pour violence avec arme sur militaire. Le prévenu n’était en revanche par poursuivi pour tentative d’homicide involontaire. Sa condamnation à huit ans de prison ferme est assortie de cinq ans de suivi socio-judiciaire avec deux ans de prison en cas de non-respect de celui-ci.
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