<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> En Guyane, des renforts envoyés à Saint-Laurent-du-Maroni, en proie à une violence endémique

Photo : Entrée de la caserne Joffre, à Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane), où sont basés les gendarmes chargés de la sécurité de cette circonscription grande comme la Belgique. (Photo: Gendarmerie de Guyane)

20 octobre 2024 | Société

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En Guyane, des renforts envoyés à Saint-Laurent-du-Maroni, en proie à une violence endémique

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Frontalière avec le Suriname et soumise à une forte criminalité, en plus de complexités sociales fortes, Saint-Laurent-du-Maroni devrait retrouver ses escadrons prélevés pour les JO et bénéficier d'un renforcement des effectifs, comme le réclament les élus locaux, désemparés par la situation.

Braquages, meurtres, home-jackings, tirs sur les gendarmes… Pas un jour ou presque sans un fait divers violent à Saint-Laurent-du-Maroni, dans l’ouest de la Guyane. Et ces dernières semaines, les tensions n’ont fait que croître. Face à ce nouveau cycle d’exactions, l’ex-cité bagnarde en appelle à l’Etat.

« Nous vivons dans un climat de terreur qui ne cesse de grandir. Chaque jour, nous vivons sous la menace d’agressions, de braquages et de fusillades en plein jour », déclare à l’AFP Sophie Charles, maire sans étiquette depuis 2018 de cette ville frontalière du Suriname. Dans un courrier adressé le 4 octobre 2024 au Premier ministre Michel Barnier, l’édile « exige de l’État, dans l’exercice de ses compétences régaliennes, des mesures immédiates et des solutions structurelles ».

L’appel à l’aide des élus locaux

Un quart des faits de vols à main armée recensés en zone Gendarmerie dans toute la France sont commis sur la seule commune de Saint-Laurent-du-Maroni, selon des chiffres officiels de 2023.

Pour contrer cette criminalité croissante, Sophie Charles demande une augmentation significative des effectifs des forces de sécurité, « aujourd’hui calibrés pour une ville de 50.000 habitants alors que notre population est plus proche de 80.000, avec des problématiques de trafics, d’immigration illégale et de délinquance que les autres villes n’ont pas ».

L’abandon du poste de contrôle routier à l’entrée de Saint-Laurent, jugé inefficace, et la création d’un commissariat de Police nationale sont attendus. L’instauration en « priorité nationale » de la sécurisation du fleuve frontalier Maroni, par où transitent les trafics selon les autorités, est également demandée.

D’ailleurs, gendarmes, policiers et magistrats travaillent en étroite collaboration avec les autorités du Suriname. Il s’agit d’une « coopération transfrontalière essentielle » pour enrayer la violence qui sévit dans la région estime ainsi auprès de Guyane la 1ère le lieutenant-colonel Stéphane Babel qui commande la compagnie de gendarmerie départementale de Saint-Laurent-du-Maroni.

Un escadron et le GIGN en renfort

Cette recrudescence d’actes violents intervient alors que les effectifs de Gendarmerie ont été réduits dans la perspective des JO de Paris. « Aujourd’hui nous disposons de quatre escadrons alors que nous en avions six avant les Jeux olympiques », reconnaît la préfecture de Guyane. Mais « ces deux escadrons vont nous être restitués avant la fin d’année et un renfort supplémentaire d’un escadron a été demandé pour à terme être à sept », assure-t-on de même source. En outre le GIGN, l’unité d’intervention d’élite de la Gendarmerie, « est déployé sur Saint-Laurent » depuis le 3 octobre 2024, ajoutent les services de l’Etat en Guyane.

« Insuffisant », estiment les élus locaux, qui, pendant plusieurs jours, se sont relayés devant la sous-préfecture de Saint-Laurent en guise de protestation. Un mouvement qui a pris fin jeudi 17 octobre, après que la maire de la ville ait reçu un courrier de réponse du Premier ministre. Selon l’édile, le chef du gouvernement a notamment promis l’envoi d’un escadron de gendarmerie mobile « dans un délai de 15 jours ». Pas encore de suffisant, mais ce geste constitue déjà un pas en avant face à la détresse ressentie sur place.

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Une circonscription grande comme la Belgique

Dans la capitale de l’Ouest guyanais, une compagnie de gendarmerie départementale forte de 133 militaires doit assurer la sécurité de Saint-Laurent et ses environs. La circonscription de cette compagnie s’étend sur un ressort grand comme la Belgique. En agglomération, elle est épaulée par un escadron de gendarmes mobiles (72 hommes et femmes), 60 fonctionnaires de la Police aux frontières (PAF), et une brigade fluviale créée le 1er mars 2024 avec dix militaires et deux embarcations. La police municipale (23 personnels) complète le dispositif.

La mairie demande aujourd’hui des mesures plus radicales que l’augmentation des effectifs: la destruction de quartiers informels, alors que 60% des logements sont considérés comme illégaux dans la ville. Une option à laquelle la préfecture a confirmé à l’AFP avoir donné son accord, « pour permettre la démolition de bâtiments dans des squats, foyer de délinquance et lieu de stockage d’armes ».

La municipalité assure que « cette démarche se fera dans le respect de la loi, avec le relogement des personnes en situation régulière et éligibles ». « Il est important de rappeler que près de 20.000 personnes vivent dans ces quartiers faute de logements disponibles, et que la majorité d’entre elles ne sont pas des criminels, mais des familles sans autre choix », souligne la mairie.

Explosion démographique, chômage et précarité

Avec sa population jeune aux perspectives limitées et sa croissance démographique foudroyante, Saint-Laurent-du-Maroni cumule les défis. La ville, où l’âge médian est de 17 ans, a enregistré 3.300 naissances l’année dernière. D’après l’Agence française de développement, elle deviendra en 2030 la commune la plus peuplée de Guyane. Une force au vu du potentiel de développement, mais aussi une faiblesse tant la population croît plus vite que les emplois et les infrastructures. À Saint-Laurent, un habitant sur deux est sans emploi.

Terreau fertile pour la délinquance, la précarité – endémique en Guyane où 53% de la population vit sous le seuil de pauvreté – est exacerbée localement depuis l’épidémie de Covid-19 et la crise économique au Suriname. En témoigne l’explosion des demandes au centre communal d’action sociale, passé de 3.000 bénéficiaires en 2022 à plus de 10.000 l’année suivante.

(Avec Guillaume Reuge de l’AFP)

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