Officialisée dans la nouvelle loi du 24 janvier 2022 sur la responsabilité pénale et la sécurité intérieure, la réserve opérationnelle de la Police nationale reprend le même schéma que celle de la Gendarmerie. Elle remplace, ou du moins lui succède, la réserve civile de la Police, lancée initialement en 2003. Celle-ci, relativement discrète par rapport à ses homonymes des armées et de la Gendarmerie, comptait environ 7.000 réservistes selon les derniers chiffres disponibles. Une réserve de personnels principalement constituée d’anciens adjoints de sécurité ou de policiers à la retraite, mais également de citoyens volontaires. Ces derniers, ne pouvaient en revanche pas effectuer des missions de terrain. Mais avec la création de cette réserve opérationnelle, cela va changer.
De la réserve civile à la réserve opérationnelle, quels changements?
Selon l’article 12 de la nouvelle loi, la réserve opérationnelle de la Police nationale nouvellement créée est “destinée à des missions de renfort temporaire des forces de sécurité intérieure et à des missions de solidarité, en France et à l'étranger, à l'exception des missions de maintien et de rétablissement de l'ordre public”. Une définition relativement similaire à celle de la réserve de la Gendarmerie.
Sur le fond, peu de changements en ce qui concerne les anciens policiers qui rempilent en tant que réservistes. La grande nouveauté réside dans le fait que –comme pour la réserve de la Gendarmerie– des personnes issues de la société civile et sans expérience policière pourront effectuer des missions opérationnelles sur le terrain, armés et en uniforme, aux côtés des fonctionnaires de police. Il s’agira de patrouilles, de gardes d’établissements, de missions de contrôle de la circulation ou encore de verbalisation. L'objectif principal de cette réserve, affichée par le gouvernement, reste le renforcement du lien avec la population, par des missions de contact et de visibilité que les policiers actifs n'ont parfois plus le temps de faire.
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Une formation revue à la hausse
Dans cette perspective, la formation des policiers réservistes, qui se déroulait jusqu'à présent sur une dizaine de jours, va être allongée pour atteindre une durée totale de 200 heures. Néanmoins, seules 80 heures (réparties sur deux semaines) se dérouleront en école de police. Elles permettront entre autres, l’apprentissage des techniques d’intervention, du tir ou encore du cadre légal. Le reste de la formation aura lieu à distance, probablement via des outils en ligne, ainsi que sur le lieu d’affectation.
Pourquoi l’objectif de 50.000 réservistes d’Emmanuel Macron est (pour l’instant) du flan
Objectif 30.000
Pour cette réserve opérationnelle de la Police nationale, l’ambition est grande. Notamment à l’approche de grands événements comme les Jeux Olympiques de 2024. Présentant un projet de réforme de la Police en 2020, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin évoquait un objectif de 30.000 policiers réservistes. Une vision partagée par le chef de l’Etat lors de l’annonce de la création de cette nouvelle réserve opérationnelle, en clôture du Beauvau de la sécurité, en septembre 2021.
Une réserve opérationnelle de la police sera créée, dotée de 30 000 réservistes. Quant à la réserve de la gendarmerie nationale, elle en accueillera 20 000 supplémentaires. Plus de bras !
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 14, 2021
Mais au-delà des annonces, ce souhait est sans doute surévalué et non-atteignable à court terme. Tout comme celui d’atteindre les 50.000 engagés dans la réserve opérationnelle de la Gendarmerie (30.000 actuellement). D’autant que pour recruter, former, employer et fidéliser des réservistes, il faut des moyens financiers. Or, les crédits dédiés à la réserve n’ont "jamais été à la hauteur des ambitions affichées", comme l’écrivait déjà la Cour des comptes en 2019. Reste à voir si les efforts seront au rendez-vous.