C’était l’une des mesures fortes annoncées par Emmanuel Macron lors de la clôture, en septembre dernier, du “Beauvau de la sécurité”, cette série de tables rondes sur l’avenir de la Gendarmerie et de la Police. Le président avait alors rappelé l’objectif, déjà mentionné au printemps, d’une réserve de la Gendarmerie de 50.000 personnes.
Une annonce qui avait laissé dubitatif, alors que la Gendarmerie peine à financer sa réserve actuelle, dimensionnée autour de 30.000 personnes. Une réserve sur les réserves partagée par les sénateurs Philippe Paul (Finistère, LR) et Gisèle Jourda (Aude, PS). Dans leur rapport pour avis sur les crédits de l’Arme, les deux élus notent qu’il aurait fallu, pour atteindre l’objectif de 50.000 réservistes à 30 jours de mission par an, “au moins doubler l’enveloppe budgétaire prévue pour 2022”, de 70,7 millions d’euros.
Une réserve opérationnelle de la police sera créée, dotée de 30 000 réservistes. Quant à la réserve de la gendarmerie nationale, elle en accueillera 20 000 supplémentaires. Plus de bras !
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 14, 2021
Ce qu’attendent les gendarmes du Beauvau de la sécurité
Crédibilité des annonces
“Pour le moment, la montée en puissance prévue n’est donc pas engagée sur le plan budgétaire”, ajoutent les deux sénateurs. Une manière de dire poliment que l’annonce présidentielle en reste pour le moment au coup de communication. “Notre questionnement porte plutôt sur la crédibilité de cette montée en puissance d’un point de vue budgétaire”, souligne Philippe Paul. Et l’élu de rappeler que le nombre de jours de réserve annuel, 24, est inférieur à celui des Armées, actuellement de 30. Une différence qui compte dans la fidélisation des réservistes.
Faute de nouveaux crédits suffisants, comme le craint la sénatrice Gisèle Jourda, il y a un risque que l’augmentation du nombre de réservistes ne s’accompagne d’un “ajustement à la baisse des jours de mission”. Si les heures sombres semblent du passé – en 2018, faute de crédits, la réserve avait été mise en pause, par exemple -, la situation budgétaire reste toujours délicate. “Les engagements opérationnels effectués en fin d’année voient toujours leur mise en paiement réalisée en début d’année suivante, entraînant des reports de rémunérations”, remarque ainsi Gisèle Jourda.
Des problèmes de budget entraînent des pauses dans l’emploi des réservistes opérationnels
Les réservistes sont pourtant très attendus. Parmi les pistes évoquées, celle de réservistes de proximité qui pourraient devenir des primo-arrivants auprès des maires lors d’événements imprévus. Les réservistes pourraient également avoir un rôle accru dans la gestion des violences intrafamiliales et auprès des personnes âgées.