"Gendarmes, policiers, pompiers, on est tous formés. Quand on est appelé pour une intervention, on se prépare sur le trajet. Mais on n'est pas formé à voir un kamikaze", a expliqué devant la cour spéciale de Paris, Philippe, major de la Gendarmerie à la retraite après 33 ans de carrière. Il était présent au Stade de France à Saint-Denis, le soir du 13 novembre 2015, avec d'autres gendarmes.
Philippe était l'une des toutes premières victimes à témoigner. Quelque 350 parties civiles (rescapés et proches des victimes) vont devoir raconter leurs traumatismes durant cinq semaines d'audition, près de six ans après cette nuit d'horreur. Ce soir-là trois kamikazes s'étaient fait exploser devant les grilles du stade. Manuel Dias, un chauffeur portugais de 63 ans, avait été tué et 63 personnes blessées par les trois déflagrations au début de la rencontre amicale de football France-Allemagne.
"Un kamikaze s'est fait exploser devant nous"
Pierre, un autre retraité de la Gendarmerie, ancien garde républicain, reste toujours "traumatisé". Tremblant à la barre, il raconte: "Un kamikaze s'est fait exploser devant nous. Je garde en moi l'explosion, le bruit et l'odeur. J'ai été choqué par ce tronc humain coupé en deux, ces morceaux de chair un petit peu partout."
Les attentats du 13 novembre 2015, les plus sanglants jamais commis en France, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis. Au total, plus de 2.200 personnes se sont constituées parties civiles à ce procès, qui juge depuis le 8 septembre et pour environ neuf mois, vingt accusés, dont le seul membre encore en vie des commandos Salah Abdeslam.
PMG
Création d’un fichier des victimes d’attentats et de catastrophes