Le 22 avril 1988 dans la matinée, 35 indépendantistes armés du FNLKS pénètrent dans la cantonnement de 32 gendarmes départementaux et mobiles à Fayoué sur l'île d'Ouvéa (Nouvelle-Calédonie). Ils tuent quatre gendarmes à coups de fusils de chasse et blessent grièvement un autre par arme blanche malgré la résistance de gendarmes qui ne portent alors pas d'arme. Les 27 autres gendarmes sont enchainés et emmenés comme otages en deux groupes. Le premier groupe (12 otages) sera relâché 48 heures plus tard à Mouli dans le sud de l'île. Le second groupe (15 otages) est conduit dans le nord de l'île dans la grotte de Gossanah. Ils seront délivrés, le 5 mai lors d'un assaut qui fit 21 morts (19 indépendantistes kanaks et deux soldats français des forces spéciales). Ces évènements tragiques se dérouleront entre le premier et le second tour de l'élection présidentielle qui oppose François Mitterrand et Jacques Chirac.
Quelques jours après la tuerie de Fayaoué, le ministre des DOM-TOM Bernard Pons rencontre des gendarmes otages libérés à Mouli. Il les houspille sans ménagements : "Vous rendez-vous compte de la bavure, en période électorale ?" ou "A quoi on vous paye ?". Quelques mois plus tard, le ministre affirme dans une interview que les gendarmes de Fayaoué n'ont pas appliqué les consignes de sécurité envoyées par leur hiérarchie. Bernard Pons ignorait alors que les gendarmes de Fayoué n'avaient jamais reçu de directives pour renforcer la sécurité.
Il faudra attendre trente ans plus tard, en avril 2018, et les révélations du lieutenant-colonel de Gendarmerie à la retraite Henri Calhiol, pour apprendre que les ordres du commandement de la Gendarmerie en Nouvelle-Calédonie, prescrivant des mesures de vigilance et de renforcement du système de défense, n'étaient jamais parvenus à la brigade de Fayaoué…
Ainsi les gendarmes libérés à Mouli et à Gossanah ont non seulement été traumatisés mais ont également souffert dans le déroulement de leur carrière. Le tribunal administratif de Lille est d'ailleurs saisi depuis plusieurs mois des demandes d'indemnisation par l'Etat de huit gendarmes pris en otages et des familles de deux autres tués lors de l'attaque de Fayaoué.
PMG