« Des défaillances persistantes » ont été relevées dans l’accueil du public en commissariat et gendarmerie, selon une étude du Défenseur des droits, mettant en lumière une professionnalisation qui « demeure insuffisante », notamment envers les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles.
La qualité de l’accueil, professionnalisé depuis les années 2000 avec entre autres l’adoption de chartes ou la mise en place de référents, reste hétérogène selon les territoires, les services et les publics concernés, soulignent les résultats d’une recherche de plus de deux ans menée par des chercheurs du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip) et publiée mardi.
Les conditions de travail des gendarmes et policiers en cause
L’étude relève des services de Police et de Gendarmerie devant « composer avec des ressources matérielles et humaines limitées et inégales, une charge de travail importante (…), des locaux inadaptés et une dévalorisation de la mission d’accueil dans les formations et par les agents eux-mêmes ».
Elle montre également que « certains publics (victimes de violences sexistes et sexuelles, étrangers en situation irrégulière, jeunes issus des quartiers populaires, populations roms…) rencontrent d’importantes difficultés pour accéder à un accueil de qualité ». Et que « les obstacles persistants quant à l’accueil des victimes s’observent tout particulièrement dans l’accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles ».
Selon les résultats de l’enquête, « la persistance de stéréotypes sexistes et la priorité donnée à l’intervention et la judiciarisation des réponses ont pour effet de maintenir un désajustement entre les besoins des victimes et les réponses apportées par les forces de l’ordre, pouvant parfois aboutir à une victimisation secondaire et provoquer des humiliations supplémentaires pour les victimes ».
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Les recherches se sont appuyées sur 75 entretiens avec des personnes ayant sollicité les services de la Police ou de la Gendarmerie, des femmes victimes de violences de genre et des jeunes hommes issus des classes populaires urbaines; 63 entretiens avec des policiers et gendarmes, 12 entretiens avec des professionnels accompagnant; des enquêtes de terrain dans des commissariats et gendarmeries en Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, Grand-Est et Guadeloupe.
Les améliorations restent fragiles, pour le Défenseur des droits
Les chercheurs ont aussi réalisé en septembre 2023 une enquête par questionnaire, portant sur les perceptions et expériences, sur un échantillon 2.617 personnes. Environ 75 % des répondants ont déclaré s’être rendus au moins une fois dans un commissariat au cours de leur vie, et 64 % dans une brigade, en majorité pour un dépôt de plainte. Si les répondants jugent plutôt positivement les agents qui enregistrent les plaintes, ils perçoivent en revanche majoritairement de manière négative le « résultat » de la plainte, d’après l’enquête.
« Ainsi, le mouvement historique de professionnalisation de la prise en charge des publics par les forces de l’ordre demeure fragile et rencontre des obstacles qui contreviennent aux principes d’égalité et d’équité dans l’accès aux services publics », déplore le Défenseur des Droits.
(AFP)