Deux nouvelles informations nous sont parvenues dans le cadre de l'affaire du dramatique accident qui a coûté la vie, mardi 25 octobre 2022, à un gendarme de la Section de recherches (SR) de Rennes et blessé six autres personnes, parmi lesquelles trois gendarmes, dont un est toujours dans un état très critique.
Les deux trafiquants en fuite?
La première de ces informations est sans doute la plus troublante. Les deux hommes âgés de 25 ans, trafiquants présumés qui avaient été interpellés par les gendarmes lors de cette opération judiciaire, avaient été transportés, légèrement blessés, à l’hôpital Jacques-Monod du Havre (Seine-Maritime) suite à l'accident. Mais, selon les médias locaux Ouest-France et Paris-Normandie, ils s'en sont échappés quelques heures après leur admission. "Dans la confusion générale, explique le procureur de la République d’Évreux, ils n'ont pas été surveillés".
Une erreur majeure dans cette enquête? Ils devaient initialement être conduits sous escorte à la Section recherches de Rennes pour y être entendus dans le cadre de l'enquête qui les visait, avant d’être présentés à un juge d’instruction. Conséquence: la juge d’instruction de Rennes avait délivré un mandat d’arrêt à leur encontre. Le procureur d’Évreux Rémi Coutin précise: "Nous avons besoin de les entendre sur l’accident et qu’ils puissent revendiquer leur statut de victime".
En contradiction avec ces premières déclarations, le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc indique à l'AFP que la garde à vue des deux suspects interpellés dans le cadre de l'opération antidrogue avait été levée suite à l'accident, afin de "prioriser les secours aux nombreux blessés". Alors qu'il réfute le fait que les deux hommes soient "en fuite", il complète son propos en affirmant que "le traitement judiciaire de la situation des mis en cause, qui sont parfaitement identifiés, sera naturellement repris en temps et heure". Les deux hommes sont donc repartis libres de l'hôpital du Havre, et seront convoqués ultérieurement.
Le chauffeur poids lourd mis en examen
Le conducteur du camion frigorifique de 44 tonnes qui a percuté la colonne de véhicules stationnés sur la bande d'arrêt d'urgence est qui a entrainé la mort de l'adjudant Bolloch, et les blessures de six autres personnes, dont trois gendarmes, a quant à lui été mis en examen pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires" par conducteur indique le Parquet d’Évreux ce vendredi 28 octobre.
Âgé de 21 ans, le jeune chauffeur poids lourd originaire du Pas-de-Calais a un casier judiciaire vierge. "Incapable de se rappeler des secondes voire des minutes avant l'accident", il a été placé sous contrôle judiciaire. Il a désormais l' "interdiction de reconduire un poids lourd, d'exercer la profession de chauffeur routier et devra signaler ses déplacements hors du territoire national".
D'après les premiers éléments de l'enquête, confiée à la Section de recherches de Rouen et au Peloton motorisé de Bourg-Achard, "il devait rouler à 94km/h, explique le magistrat. Une vitesse inférieure aux limitations". Les relevés de son chronotachygraphe indiquent qu'il "avait fait les pauses réglementaires (et) respectait le temps de conduite."
L'enquête doit maintenant déterminer s'il était en état de conduire ce camion à 3h du matin, et s'il a pu s'assoupir ou faire un malaise lorsqu'il a percuté plusieurs véhicules stationnés sur le bas-côté dans le cadre d'une opération anti-drogues.