Deux enquêtes ont été ouvertes par le procureur d’Évreux après le terrible accident de la route, suite auquel de l'adjudant Jean-Christophe Bolloch, de la Section de recherches (SR) de Rennes, a perdu la vie, et six autres personnes, dont trois gendarmes, ont été blessées. L'un des gendarmes blessés, un adjudant appartenant à la brigade de recherches de Saint-Malo, est toujours dans un état critique.
La première, confiée à la Section de recherches de Rouen et au peloton motorisé de Bourg-Achard (Eure), s'intéresse aux causes et circonstances de l'accident, et notamment au conducteur du camion frigorifique de 44 tonnes qui a très violemment percuté les cinq véhicules arrêtés sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute A13, dans la nuit de lundi 24 à mardi 25 octobre 2022. D'après les premiers éléments, le chauffeur poids-lourd de 21 ans se serait endormi au volant avant de percuter tout d'abord le fourgon du patrouilleur autoroutier, en le projetant à plus de 100 mètres, entrainant une succession de carambolages avec les deux véhicules de gendarmerie, le véhicule civil qui avait été appréhendé auparavant dans le cadre d'une opération judiciaire anti-stupéfiants, ainsi que la dépanneuse venue prendre en charge ce véhicule, qui ne pouvait pas être déplacé pour les raisons de l'enquête.
À l'issue de son hospitalisation pour de légères blessures, le chauffeur a été placé en garde à vue afin d'être interrogé par les enquêteurs. "Des constatations avec un drone de la Gendarmerie ont permis de figer les lieux afin de pouvoir les modéliser en 3D et établir des données précises, indique le colonel Thierry Jourdren, commandant de la SR de Rouen. L’IGGN pourra ainsi établir un scénario précis. Les auditions des personnes impliquées sont toujours en cours. Des réquisitions ont été faites sur les radars présents sur l’autoroute et la téléphonie afin de matérialiser ce qui s’est passé", complète-t-il auprès de Paris-Normandie.
L'Inspection générale saisie
"La gravité des faits et la complexité des investigations à effectuer dans les prochains jours et probablement sur le long terme ont amené le Parquet à saisir également de l'enquête, l'Inspection générale de Gendarmerie nationale" (IGGN), a déclaré le procureur de la République d’Évreux, Rémi Coutin, lors d'une conférence de presse. Cette seconde enquête concerne "les faits générateurs de l'accident". Elle va donc "s'attacher à déterminer dans quelles conditions les interpellations des deux individus ont eu lieu, si elles ont été conformes aux dispositions réglementaires et si le dispositif de signalisation mis en place a été adapté à la configuration du terrain".
"Lorsque la collision est survenue, les gendarmes (du GIGN et des groupes d'observation et de surveillance (GOS)) qui avaient participé aux interpellations des passagers du véhicule go fast (…) n'étaient plus là car ils avaient été appelés sur une autre intervention" souligne le procureur.
"Une intervention bouleversante"
Le colonel Emmanuel Gros, commandant le groupement de gendarmerie départementale de l'Eure, a expliqué que l'intervention des gendarmes, engagés en renfort après l'accident, avait été particulièrement difficile et bouleversante. Mais "tout a été fait pour limiter au maximum les effets de l'accident: porter secours, sécuriser et conduire les premiers actes d'enquête" précise l'officier.
