A Vendin-le-Vieil, une forteresse en préparation pour les 100 narcotrafiquants les plus dangereux

Photo : Serrure d'une cellule (Photo d'illustration: L.Picard / L'Essor)

14 avril 2025 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

A Vendin-le-Vieil, une forteresse en préparation pour les 100 narcotrafiquants les plus dangereux

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La prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais subit d'importantes transformations pour accueillir dès cet été les narcotrafiquants les plus dangereux, avec des mesures drastiques pour empêcher toute communication avec l'extérieur.

Sécurisation des cellules renforcée, augmentation du nombre de surveillants pénitentiaires, installation de portiques ultra-performants: la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, est à pied d’oeuvre pour pouvoir accueillir, dès cet été, les 100 narcotrafiquants les plus dangereux.

Cerné de quatre miradors et de hauts murs d’enceinte, l’établissement, inauguré en 2015 et qui semble encore flambant neuf, était déjà l’un des deux plus sécurisés de France, avec sa jumelle, la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne.

Salah Abdeslam, Rédoine Faïd sont déjà à Vendin-le-Vieil

À Vendin-le-Vieil, on trouve déjà Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats de 2015. Le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, qui s’est évadé deux fois de prison, y est également incarcéré.

Arrêté en février dernier à Bucarest et remis à la France, le narcotrafiquant Mohamed Amra est lui placé à l’isolement à Condé-sur-Sarthe. En mai 2024, son évasion sanglante avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires.

Rien d’étonnant, dans ce contexte, à ce que ces deux centres pénitentiaires aient été choisis début mars 2025 par le ministre de la Justice. Gérald Darmanin a en effet annoncé en grande pompe vouloir y abriter les premiers quartiers de lutte contre la criminalité organisée. C’est en leur sein que seront transférés les détenus considérés comme étant les plus redoutables.

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Trois mois de travaux

D’une capacité opérationnelle de 162 places, celui de Vendin-le-Vieil comprend quatre quartiers étanches les uns des autres, dont un quartier d’évaluation de la radicalisation, pour les condamnés pour terrorisme jihadiste. À terme, ce dernier restera en fonction, et deux autres accueilleront une centaine de prisonniers relevant de la criminalité organisée.

Pour y parvenir, la justice a commencé cette semaine à vider la prison de la plupart de ses occupants actuels. Le 1er mars 2025, elle abritait 105 détenus. L’administration les a transférés dans d’autres établissements. Une dizaine de personnes, les plus à risques, resteront toutefois sur place. Il devrait y avoir trois mois de travaux.

« La population accueillie à Vendin n’a jamais été simple. C’est la prise en charge qui va être complètement différente », souligne le chef d’établissement, Marc Ginguené, lors d’une visite organisée pour la presse.

« Neutraliser » les communications

Il résume: l’enjeu est « de neutraliser les possibilités de communication » des détenus « pour les empêcher de continuer leurs activités criminelles ». Comme avait pu le faire Mohamed Amra, longtemps passé sous les radars de l’administration pénitentiaire.

L’entrée de la prison comportera désormais un portique à ondes millimétriques. Ces appareils sont similaires à ceux des aéroports. Ils permettront ainsi d’éviter l’entrée en détention d’objets illicites, tels que des téléphones portables.

Les cellules de 12m² seront à terme toutes équipées de caillebotis, des grillages ajoutés aux barreaux habituels. De plus, leurs portes comporteront des trappes pour pouvoir menotter les détenus avant qu’ils n’en sortent.

Dans les cours de promenade, ne pourront se côtoyer que cinq personnes maximum. Du côté des parloirs, les 16 cabines actuellement existantes ne seront plus que huit. Surtout, elles comprendront un dispositif hygiaphone, avec une vitre. Cela permettra d’empêcher le contact physique entre les détenus et les personnes venues leur rendre visite.

Visioconférence pour audition à distance

« Le parloir est un moment de fragilité dans les établissements pénitentiaires. C’est à cette occasion que des objets illicites peuvent être transmis », note Cédric Logelin, porte-parole de la Chancellerie, présent à la visite.

Deux salles de visioconférence équipent déjà l’établissement. Les travaux vont permettre d’en mettre en place cinq nouvelles. Les magistrats pourront ainsi auditionner les prisonniers à distance. « On change notre manière de faire », déclare M. Logelin.

« Du fait de la dangerosité des personnes qui sont là, du fait aussi des risques qu’induit une extraction pour les agents pénitentiaires, le principe est bien celui de la visioconférence, et ce n’est que sur demande express du magistrat, qui sera motivée, que l’extraction pourra se faire », explique-t-il.

Les services pénitentiaires vont également modifier l’organisation du travail afin que les surveillants soient systématiquement en binôme. Cette mesure vise à assurer la sécurité du personnel, explique Sophie Bleuet, directrice interrégionale des services pénitentiaires de Lille. Elle permet aussi d’éviter toute tentative de corruption des agents de la part des détenus.

Dans cette optique, la Justice a ouvert 26 postes supplémentaires de surveillants. « C’est un projet enthousiasmant, on constate un doublement des candidatures », assure la responsable.

Par Eleonore DERMY (AFP)

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