À quelques jours du début officiel de la Coupe du monde de football, qui se déroulera du 21 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar, l'accord conclu à Doha en mars 2021 entre la France et le Qatar (*) vient d'être publié au Journal officiel par un décret co-signé par le Président de la République, la Première ministre et la ministre des Affaires étrangères. Il prend effet en ce début novembre 2022, à quelques jours du début officiel de la compétition sportive internationale.
Conseil et assistance opérationnelle
Comme L'Essor vous le révélait il y a quelques mois, cet accord consiste en des actions de "conseil technique et d'assistance opérationnelle". D'après nos informations, il prévoit notamment l'envoi de quelque 200 gendarmes français au Qatar pour participer à la sécurité de cet événement international de premier ordre. Parmi eux, des gendarmes du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), experts dans l'anti-terrorisme et l'intervention de très haut niveau, mais également des spécialistes dans la couverture anti-drones au dessus des stades, la gestion des flux routiers ainsi que des foules et les déplacements de supporters.
Selon ce décret fraîchement publié, un très large éventail d'expertises est attendu dans le cadre de cette coopération :
- la planification de la gestion sécuritaire et de la gestion de sécurité civile d'un grand événement sportif ;
- le commandement et la conduite des dispositifs de sécurité d'un grand événement sportif ;
- la communication institutionnelle et de crise mise en œuvre à l'occasion de grands événements sportifs ;
- les méthodes et outils de collecte, d'analyse et de diffusion du renseignement d'ordre public ;
- les tactiques et techniques de gestion de l'ordre public et la prévention de la commission d'actes illicites par supporteurs violents ou à l'occasion de mouvements de foule ;
- la gestion de crises de haute intensité, l'emploi d'unités de contre-terrorisme et les tactiques et techniques d'intervention lors de grands événements sportifs ;
- la surveillance et la protection des sites et enceintes sportives ;
- la coordination de la sécurité des infrastructures et moyens de transport et des flux de personnes, ainsi que la prévention et la détection des actes illicites les visant et les mesures d'intervention permettant de faire face à ceux-ci ;
- la sécurité des systèmes d'information utilisés pour la gestion d'un grand événement sportif, la prévention des atteintes à leur sécurité ou à leur fonctionnement et la lutte contre les cybermenaces ;
- l'emploi de moyens spécialisés, aux fins notamment de la recherche et de la neutralisation d'engins explosifs et de la lutte contre l'emploi malveillant de drones ;
- le commandement et la gestion opérationnelle des opérations de secours ;
- la prévention des risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques et l'intervention face à ces menaces ;
- la coordination entre forces de sécurité et services de secours.
Outre des missions d'audit, de formation et de conseils, l'accord prévoit aussi la réalisation d'exercices communs, la mise à disposition d'experts, ainsi que le déploiement ou la mise à disposition de matériels, d'équipements, de véhicules et d'engins.
Des policiers et des fonctionnaires de la Sécurité civile (notamment des démineurs, des sapeurs-pompiers et des spécialistes de la gestion de crise) participent également à ce partenariat.
Un effort financier largement pris en charge
En dehors de la rémunération de base des gendarmes envoyés sur place, la quasi-totalité des coûts et surcoûts engendrés par ce déploiement d'experts français doit être pris en charge par le Qatar. C'est en tout cas ce qu'indique l'accord.
Le pays accueillant prendra ainsi en charge les frais de transport, d'alimentation et d'hébergement des agents français, ainsi que les surcoûts de leur rémunération. Il prend également en charge les frais de mise à disposition, de transport et de maintien en condition opérationnelle des matériels collectifs, véhicules et engins mis à sa disposition ou engagés sur son territoire.
Plus de 200 gendarmes français au Qatar pour la Coupe du monde de football
Une coopération qui date
Acté en 2021, cet accord n'est pas le premier passé entre la France et le Qatar. De nombreux accords de partenariat unissent en effet les deux États depuis les années 1990. Depuis, une coopération opérationnelle et technique s'est développée au fil des années. Le dernier décret évoque d'ailleurs une "mémoire d'entente" et des "relations d'amitié".
D'autant que la Gendarmerie nationale française et la force de sécurité intérieure de l’État du Qatar travaillent régulièrement ensemble. Lors des Jeux asiatiques de 2006, à Doha, la Gendarmerie avait déjà apporté son concours au Qatar. À l'automne 2014, soit environ quatre ans après l'annonce de l'attribution de la Coupe du Monde de 2022 au Qatar, une "lettre d'intention" commune aux deux forces portait sur le renforcement de la coopération en matière de gestion des grands événements sportifs. Un "arrangement technique" avait ensuite été conclu deux plus tard, en janvier 2016, pour une coopération en matière de formation et de soutien opérationnel.
Des membres de la Lekhwiya , la force de sécurité intérieure qatarie, sont également régulièrement accueillis en France, dans les centres de formation de la Gendarmerie, pour des préparations à des missions de sécurité publique, de maintien de l'ordre et de police judiciaire. De même, le GIGN a formé le groupe d'intervention de la Lekhwiya (une centaine d'hommes) et détache des conseillers années après années auprès du groupe d'élite qatari.
(*) La France et le Qatar étaient représentés respectivement par le général d'armée Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie nationale et le général de division ingénieur Adulaziz Adlullah Al-Ansari, président du Comité des opérations de sécurité et de sûreté de la Coupe du monde de la Fifa 2022.