<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Renouvellement massif des stocks de grenades de maintien de l’ordre

Photo : Des gendarmes mobiles lors d'une opération de maintien de l'ordre à Paris. Au sol, les restes de projectiles jetés sur eux mais également de grenades lacrymogènes et de désencerclement. (Photo: norbu-gyachung / unsplash)

23 décembre 2022 | Opérationnel

Temps de lecture : 3 minutes

Renouvellement massif des stocks de grenades de maintien de l’ordre

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Le ministère de l'Intérieur a lancé en novembre 2022 un appel d'offres pour un marché de grande ampleur visant à renouveler son stock de grenades dédiées au maintien de l'ordre, au profit des policiers et des gendarmes. La valeur totale de ce marché est estimée à 38 millions d'euros, hors TVA. Il s'agit ainsi de […]

Le ministère de l'Intérieur a lancé en novembre 2022 un appel d'offres pour un marché de grande ampleur visant à renouveler son stock de grenades dédiées au maintien de l'ordre, au profit des policiers et des gendarmes.

La valeur totale de ce marché est estimée à 38 millions d'euros, hors TVA. Il s'agit ainsi de la plus grosse commande enregistrée ces dernières années. Selon Politis, les commandes précédentes s'élevaient à 1,8 million d'euros en 2019, 17,5 millions en 2018 et 5,57 millions d'euros en 2016. Cette nouvelle commande doit couvrir les besoins des quatre prochaines années.

Les dernières principales entreprises sélectionnées pour ces appels d'offres étaient Alsetex, basée dans la Sarthe, et Nobel Sport, basée à Paris. Il est fort probable que ces entreprises françaises répondent à nouveau présent pour ce nouvel appel d'offres. Les candidats ont en tout cas jusqu'au 10 janvier 2023, 16h, pour envoyer leurs offres.

Le marché est géré par la Direction de l'évaluation de la performance de l'achat, des finances et de l'immobilier (DEPAFI) du ministère de l'Intérieur, mais c'est bien le Service de l'achat, de l'innovation et de la logistique du ministère de l'Intérieur (SAILMI) qui est à la manœuvre.

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Anticipation des besoins

Les estimations évoquées tablent sur un total de 4,5 millions d'unités, comprenant des grenades de différents types (fumigènes, lacrymogènes ou à effet sonore) et calibres (40mm et 56mm), ainsi que des accessoires comme par exemple des dispositifs de propulsion avec une portée de 50 à 200 mètres. Si les estimations de cet appel de marché majeur sont importantes, le minimum de commande réelle n'est pas fixé. L'annonce spécifie toutefois un maximum de commande. Celui-ci s'établit à 13,4 millions d'unités.

Ce volume de commande variable doit correspondre aux besoins anticipés des forces de l'ordre de la Police et de la Gendarmerie nationales. Lors de précédents épisodes sociaux intenses, notamment lors du mouvement des Gilets jaunes ou encore de l'évacuation de la "Zad" de Notre-Dame-des-Landes, elles avaient été confrontées à une baisse inédite de leurs stocks de "consommables" de maintien de l'ordre. Le ministère de l'Intérieur avait même été contraint de formuler une commande en urgence pour reconstituer les stocks en 2018.

Plusieurs associations et collectifs voient dans cette nouvelle commande massive, une volonté masquée du gouvernement d'aller à l'affrontement au cours des prochains mois et des prochaines années, laissant ainsi de côté toute place au dialogue social, et anticipant la répression dure des mouvements sociaux.

La vision d'un mobile

Une vision pas vraiment partagée par un gendarme mobile, habitué des opérations de maintien de l'ordre, qui –au-delà de toute analyse politique qu'il se "garde bien de faire"– y voit quant à lui une volonté des autorités de "ne pas se trouver à nouveau à court" en cas de besoins massifs comme lors du mouvement des Gilets jaunes, où, chaque semaine, il devait faire usage de la force avec ses camarades pour rétablir l'ordre public.

Selon ce gendarme, il ne faut pas oublier non plus qu'une partie de ces grenades sont utilisées tout au long de l'année pour la formation initiale et continue des gendarmes et des policiers. Que ce soit dans les centres nationaux, comme le CNEFG de Saint-Astier, soit dans les centres régionaux qui se développent, ou encore au sein même des unités, lors de leurs entraînements réguliers.

Enfin, il souligne que ce type de grenade n'est pas exclusivement utilisée par les forces mobiles, mais également par des unités de sécurité publique comme les pelotons de surveillance et d'intervention de la Gendarmerie (Psig) ou encore les brigades anti-criminalités (Bac) de la Police, par exemple pour se dégager lorsqu'ils se retrouvent acculés ou lorsqu'ils interviennent en premiers sur des violences urbaines. Une action souvent indispensable pour préserver leur sécurité, puisqu'ils agissent souvent en petite équipe et peuvent se retrouver en quelques instants face à plusieurs dizaines d'individus hostiles et violents.

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