Au moins 891 gendarmes et policiers ont été blessés depuis 16 mars 2023 –et le déclenchement de l'article 49-3 de la Constitution par le gouvernement– au cours ou en marge des manifestations contre la réforme des retraites. Une statistique impressionnante qui montre l'importance et la violence des affrontements qui ont opposé, en l'espace de moins de deux semaines, les forces de sécurité à une frange radicale de manifestants (ou des protagonistes, souvent liés à l'extrême gauche, qui profitent des manifestations pour s'en prendre aux figures de l'ordre et semer le chaos).
Impossible à cette heure de fournir le détail et la répartition des blessés entre Police et Gendarmerie, ni d'obtenir plus de détails sur la gravité des atteintes. Néanmoins, plusieurs gendarmes souffrent d'importantes blessures, notamment des brûlures liées à l'utilisation de mortiers d'artifices et des cocktails Molotov à leur encontre.
Retraites: l’impossible comptage des manifestants blessés
Violents affrontements à Sainte-Soline
En plus de leur mobilisation massive pour encadrer et sécuriser les manifestations contre la réforme des retraites, 3.000 gendarmes étaient également présents dans les Deux-Sèvres, samedi 25 mars, pour protéger le site d'une retenue d'eau en construction à Sainte-Soline, visée par un collectif écologiste "anti-bassines". Alors que la manifestation avait été interdite, plusieurs milliers de personnes s'étaient malgré tout rassemblées et ont progressé en direction de la "méga-bassine". Sans aller au contact des manifestants, les gendarmes ont tout d'abord mis en place une stratégie de saturation de la zone interdite, avec l'utilisation massive de fumigènes et de gaz lacrymogène pour dissuader les manifestants d'approcher davantage. Mais malgré cela, les plus virulentes, protégés par des masques à gaz et des boucliers artisanaux, ont continué à avancer jusqu'à venir au contact des gendarmes mobiles, à grand renfort de projectiles en tout genre, dont des engins incendiaires et explosifs comme des cocktails Molotov et feux d'artifice. Dès lors, les gendarmes ont musclé leur réponse en faisant un large usage des moyens de force intermédiaire à leur disposition, dont des grenades de désencerclement et des lanceurs de balles de défense (LBD). Au total, près de 4.000 grenades lacrymogènes et de désencerclement auront été tirées. Des policiers étaient également présents avec un canon à eau.
Gendarmes suspendus et enquête de l'IGGN
Parallèlement à ce dispositif de protection des quads étaient mis en oeuvre pour constituer une sorte de brigade motorisée des champs, à l'image des "Brav-M" à Paris. Comme leur pendant citadin, l'action des gendarmes motorisés a été très largement critiquée, notamment quant à l'usage de LBD par certains des binômes, alors même qu'ils circulaient. Une pratique interdite qui a conduit l'Inspection générale de l'Arme (IGGN) à ouvrir une enquête. Deux militaires ont d'ailleurs été suspendus dans ce cadre.
47 gendarmes ont été blessés lors de ses actions violentes, dont deux grièvement qui ont dû être hospitalisés en urgence absolue. L'un d'eux, un jeune gendarme mobile grièvement brûlé, venait tout juste de sortir d'école de sous-officiers et effectuait sa première mission de maintien et rétablissement de l'ordre. Plusieurs véhicules de gendarmerie ont également été incendiés et détruits.
Dissolution et rapports d'incidents
Devant les députés de l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur a annoncé mardi 28 mars 2023 le lancement d'une procédure de dissolution du groupement "Soulèvements de la terre", présenté comme appartenant à la mouvance de l'ultragauche, qu'il accuse d'être à l'origine des "actions violentes" survenues à Sainte-Soline lors de la manifestation interdite contre les retenues d'eau. Une note ministérielle, datée de 27 mars relève par ailleurs que ce groupe "incite et participe à la commission de sabotages et dégradations matérielles".
Le ministre a annoncé avoir demandé "deux rapports", l'un à la préfète des Deux-Sèvres et l'autre au directeur général de la Gendarmerie nationale, sur les événements de Sainte-Soline. "Le gouvernement n'a rien à cacher", a-t-il assuré. Ces deux rapports viennent d'être mis en ligne sur le site du ministère de l'Intérieur. Ils sont accompagnés d'une planche photographique édifiante. Nous y reviendrons dans un article à venir.