Un homme a été tué ce mercredi 10 juillet par un gendarme dans le sud de la Nouvelle-Calédonie, ce qui porte à dix le nombre de morts depuis le début des troubles dans l'archipel il y a près de deux mois, a-t-on appris auprès du parquet de Nouméa. Les faits se sont produits à la tribu kanak Saint-Louis sur la commune du Mont-Dore, dans l'est de l'agglomération de Nouméa, a-t-on précisé de même source.
La victime a été touchée par un tir de riposte à longue distance effectué par un gendarme du GIGN lors d'une opération de déblocage d'une route, selon une source proche de l'enquête.
Alors que les gendarmes étaient ciblés par des tirs d'armes à feu, le GIGN, engagé en appui de cette opération, a localisé le tireur et a riposté, selon la version relayée par cette source. D'après une seconde source proche de l'enquête, les gendarmes étaient en opération pour aller interpeller des auteurs de tirs d'armes à feu, très réguliers dans cette tribu, et ont été pris à partie au niveau d'une église lors d'une opération de sécurisation d'un axe routier.
Une victime aux antécédents chargés
Selon Nouvelle-Calédonie la 1ère, qui cite le procureur de la République de Nouméa, la victime, Rock Victorin Wamytan dit "Banane", serait âgée de 38 ans et aurait de multiples antécédents judiciaires portant "sur des faits de violences volontaires avec arme, destruction de biens par incendie, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime". Il "faisait l’objet d’un mandat de recherches délivré par le parquet le 2 juillet, en raison de sa participation supposée à une série de vols de véhicule avec usage ou menace d’une arme". L’homme décédé, précise la chaîne, serait "apparenté au grand chef de Saint-Louis et président du Congrès, Roch Wamytan".
Le secteur de Mont-Dore, est une zone contrôlée en partie par la tribu indépendantiste de Saint-Louis, où les violences et les barrages ont été nombreux depuis le début de la crise. C’est dans cette zone qu'un véhicule blindé Centaure a été immobilisé après que l'un de ses pneus a été détruit par des tirs de munitions de gros calibre. Un ancien officier supérieur de la Gendarmerie, l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire de la NC de ces 50 dernières années, a expliqué à L’Essor que les indépendantistes sont souvent des chasseurs aguerris et savent organiser et camoufler leurs postes de tir. Ils peuvent ainsi tirer depuis plusieurs centaines de mètres en direction des gendarmes avec des carabines de chasse au gros gibier approvisionnées de munitions de type Brenneke ou de type .270 Winchester avec un haut pouvoir de pénétration.
Des troubles depuis le 13 mai
Le décès de ce mercredi 10 juillet, en lien direct avec les violences qui ont débuté il y a deux mois, représente le dixième tué par balle depuis la mi-mai. La Nouvelle-Calédonie déplore la mort violente de huit civils et deux gendarmes mobiles.
L'archipel du Pacifique sud est en proie à de violents troubles depuis le 13 mai, nés de la contestation d'un projet de réforme du corps électoral aux scrutins provinciaux, cruciaux en Nouvelle-Calédonie.
Ce projet de loi constitutionnelle, accusé par les indépendantistes de marginaliser le poids du peuple autochtone kanak, a été suspendu par Emmanuel Macron en juin, trois jours après la dissolution de l'Assemblée nationale.
Mais les troubles perdurent depuis dans le territoire océanien, qui a connu ces deux derniers mois les plus graves violences survenues localement depuis les années 1980. Elles ont fait également des dégâts matériels considérables (incendies, destructions, pillages…).
Un regain de tension a été constaté après un vaste coup de filet dans les milieux indépendantistes mené à partir du 19 juin.
Treize personnes, auxquelles il est reproché un rôle dans l'orchestration des émeutes sur le "Caillou", ont été mises en examen. Cinq d'entre elles demeurent incarcérées en métropole, dont Christian Tein, le leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), accusée par les autorités d'avoir organisé les violences.
(Avec AFP)
Le transfèrement de sept indépendantistes en métropole ravive les tensions en Nouvelle-Calédonie