La section de recherches (SR) de Marseille-PACA a démantelé un ingénieux trafic d’ecstasy, venue du Benelux, puis réexportée vers l’Algérie. Le procureur de la République de Marseille Bruno Bessone a relaté ce mardi 21 octobre 2025 le démantèlement de ce réseau international.
L’affaire débute fin 2024. Un renseignement de l’Ofast central (Office anti-stupéfiants) alerte sur l’activité d’une organisation implantée à Marseille. Celle-ci importerait des comprimés d’une drogue de synthèse, le MDMA, autre nom de l’ecstasy. Cette drogue provoque un sentiment d’euphorie, d’hyperconcentration et de confiance en soi. Elle est acheminée, depuis un pays du Benelux jusqu’à Marseille pour l’exporter ensuite vers l’Algérie afin de la revendre.
Enquête préliminaire de la JIRS
En novembre 2024, le parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille ouvre une enquête préliminaire. Pour « importation et exportation de produits stupéfiants en bande organisée, association de malfaiteurs en vue de la commission de délits punis de 10 ans d’emprisonnement ». Elle est alors confiée à la SR de Marseille-PACA et à l’Office national anti-fraude (Onaf). Les enquêteurs confirment rapidement l’existence du trafic. L’information judiciaire ouverte révèle les contours d’une organisation bien rodée.
Les enquêteurs remontent alors la filière d’approvisionnement. Ils identifient un homme effectuant ses livraisons par TGV depuis la gare de Lille Europe vers Aix-TGV. Ils repèrent également un collecteur d’argent « saraf » (banquier clandestin). Il se charge de remettre l’argent des ventes de la drogue à l’équipe marseillaise, lui permettant ainsi de réinvestir dans la marchandise illicite.
L’équipe phocéenne dissimule la drogue dans des spas, pergolas, climatiseurs acquis dans des grandes enseignes de bricolage. Une fois reconditionnées, ces marchandises sont alors confiées à des transporteurs pour être exportées, via le port de Marseille, vers l’Algérie.
Gendarmes français et policiers belges et espagnols
Le 13 octobre 2025, la détection d’un approvisionnement en cours par TGV entre Lille Europe et Aix TGV permet de lancer une opération judiciaire. L’antenne GIGN d’Orange interpelle trois hommes. Cinq autres interpellations suivent. Simultanément, des enquêteurs de la SR de Lille, de la police judiciaire de Mons-Tournai (Belgique) et d’une unité de la police espagnole à Benidorm (Espagne) montent des opérations.
À l’issue des gardes à vue, la justice procède à la mise en examen de huit personnes. Trois placées en détention provisoire et deux sous contrôle judiciaire et trois autres incarcérées provisoirement en attente d’un débat sur leur détention. Le bilan des saisies lors des perquisitions est éloquent: 88 kg d’ecstasy, 75.000 euros en numéraire, 10.000 euros sur des comptes bancaires, un pistolet automatique, huit véhicules et un bien immobilier d’une valeur de 300.000 euros.
La France, pays de consommation et de transit
Selon l’Observatoire français des drogues, la majorité des produits stupéfiants de synthèse consommés en France, proviennent des Pays-Bas. Ce pays reste la première zone de production en Europe occidentale. La France constitue également un pays de transit pour les trafiquants qui ciblent en particulier le Royaume-Uni et l’Afrique du Nord. En 2023, les saisies d’ecstasy ont connu une augmentation significative, avec 4.072.704 comprimés, en hausse de 164% par rapport à 2022.
PMG










