« En quelques heures, c’est le chaos ». Le patron des gendarmes des Alpes-Maritimes raconte la tempête Alex

Photo : La brigade de Saint-Martin-Vésubie, emportée par la tempête Alex. (Capture d'écran France 3)

23 octobre 2021 | Opérationnel

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« En quelques heures, c’est le chaos ». Le patron des gendarmes des Alpes-Maritimes raconte la tempête Alex

par | Opérationnel

Quand la tempête Alex a ravagé les Alpes-Maritimes, début octobre 2020, qu’est-ce qui a permis aux gendarmes d’affronter la crise avec brio? Un "système radio redondant", le "maillage territorial" et "l’intelligence du terrain", explique le colonel Nasser Boualam, qui commandait le groupement de gendarmerie départementale lorsque les éléments se sont déchainés.

"En quelques heures, c’est le chaos"

La veille, il était en vacances lorsqu’il a reçu un appel du préfet lui annonçant les prévisions inquiétantes de Météo France. Ils décident ensembles de premières mesures, et notamment la fermetures des établissements scolaires.

Le colonel Boualam revient donc, et supprime les repos et permissions de ses gendarmes afin de disposer de toutes ses troupes en cette veille de week-end. "Nous avons prévu différents centres de commandement. Tout le monde était mobilisé" . Puis, "on passe en vigilance rouge et, en quelques heures, c’est le chaos", a-t-il expliqué ce vendredi au salon Milipol, lors d’une table ronde consacrée à la sécurité et au changement climatique.

Tempête Alex: le lourd tribut des gendarmes des Alpes-Maritimes

L’électricité est rapidement coupée. Les réseaux de télécommunication tombent les uns après les autres et les routes deviennent impraticables. Dans ces conditions, "il ne reste que la manœuvre qui avait été projetée et tout repose sur l’initiative du gendarme, du pompier ou du policier municipal qui va intervenir pour porter secours".

Un dispositif redondant

Heureusement pour les gendarmes, leur réseau, baptisé Rubis, est le seul qui fonctionne encore vaille que vaille, grâce à deux points forts. D’une part, le groupement dispose d’un réseau "montagne" qui fonctionne à l’énergie solaire. Il est équipé de batteries qui ont pris le relais lorsque l’électricité a été coupée.

D’autre part, le dispositif est redondant et seules trois des quinze antennes de la Gendarmerie ont été endommagées. "Les gendarmes se sont rapprochés avec leurs véhicules, qui sont des mini antennes, des zones ou ils captaient", rappelle Nasser Boualam qui a pu être informé de leur activité et leur donner quelques directives.

"Sans la brigade de Tende, vous rajoutiez 120 morts"

Ensuite, le maillage des brigades a permis d’avoir sur place des militaires prêts à venir en aide à la population dans des zones isolées par les intempéries.

Plus de 600 militaires de la Gendarmerie décorés de la Médaille de sécurité intérieure

Quand vous ne pouvez pas voler, rouler ou communiquer, il vous reste l’homme et la brigade", explique le colonel Boualam. "La brigade, c’est une communauté d’hommes et de femmes professionnels de la sécurité, un centre de transmission et un refuge", analyse-t-il en rappelant que des "sinistrés, à Tende par exemple, ont été hébergés par les gendarmes"

"Avoir des professionnels sur place permet de sauver des vies durant une crise", ajoute Nasser Boualam qui précise: "sans la brigade de Tende, vous rajoutiez 120 morts" aux 18 personnes décédées, dont deux pompiers. Dans cette commune en effet, un gendarme a, seul, évacué 80 personnes d’un Ehpad, tandis qu’un autre, aidé par une policière municipale et un agent du conseil départemental, a sauvé 17 automobilistes bloqués par une coulée de boue. Quelques minutes après leur évacuation, la route s’est effondrée.

MG

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