La sécurité des Jeux Olympiques prend une dimension politique, sociétale et internationale…

Photo : "Comment on va faire pour les JO si on ne pas peut accueillir 300 Sévillans ?", s'est interrogé lundi 11 décembre 2023 le coach des Sang et Or alors que la venue des supporters espagnols a été interdite par les autorités. (photo: Onze Mondial)

11 décembre 2023 | Editos

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La sécurité des Jeux Olympiques prend une dimension politique, sociétale et internationale…

par | Editos

Le président du parti Les Républicains Eric Ciotti a suggéré samedi 9 décembre 2023 de renoncer à organiser sur la Seine la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, car la sécurité pourrait ne pas y être assurée.

"L'attentat de la tour Eiffel (du 2 décembre) a montré nos immenses fragilités en matière de sécurité. Dans ce contexte, le scénario de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques sur la Seine me paraît en l'état très risqué", a déclaré le patron de LR dans une interview au Parisien mise en ligne samedi soir. "Il faut penser à un plan B, par exemple au Stade de France, dans un lieu fermé et sécurisé. Je demande au gouvernement de n'avoir aucun tabou lorsqu'il s'agit de la sécurité des Français", a-t-il ajouté.

Rappelons que les organisateurs des Jeux ambitionnent d'organiser une cérémonie d'ouverture grandiose, et inédite dans sa forme, le 26 juillet 2024, à Paris, au cours de laquelle les délégations d'athlètes descendront la Seine à bord de péniches devant des centaines de milliers de spectateurs. Le spectacle doit être réglé par le metteur en scène Thomas Jolly.

Dès le 4 décembre, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait assuré que la délocalisation de cette cérémonie n'était pas l'"hypothèse" de travail du gouvernement. "On n'a pas de plan B, on a un plan A dans lequel il y a plusieurs plans Bis", avait-elle affirmé, soulignant notamment la possibilité de moduler le nombre de spectateurs qui seront admis à y assister.

D’ors et déjà "la jauge" envisagée, qui doit être fixée au printemps, est passée de 600.000 à 400.000: 100.000 spectateurs sur les quais bas, en accès payant, et 300.000 environ sur les quais hauts, en accès gratuit.

Interdiction des matchs de foot à tous les supporteurs violents. Est-ce possible?

L'interdiction de déplacement des supporters du Séville FC, qui affronte Lens mardi 12 décembre en Ligue des champions au stade Bollaert, a été confirmée lundi 11 décembre par la préfecture du Pas-de-Calais, après les annonces faites la veille par le ministre de l'Intérieur.

Dans un arrêté, les services de l'Etat indiquent qu'il "est interdit à toute personne se prévalant de qualité de supporters du FC Séville (…) d'accéder au stade Bollart-Delelis de Lens et à ses abords", dans une zone comprenant Lens et Arras.

La préfecture justifie notamment cette décision par les "débordements" et les "heurts" ayant eu lieu lors de précédents déplacements des fans andalous, parce que "cette rencontre est identifiée à risques par la Division nationale de lutte contre le hooliganisme", ou encore parce que "depuis le début de l'année 2023, les déplacements des supporters de clubs de football sont très fréquemment sources de troubles à l'ordre public".

Préoccupation diplomatique

Cette interdiction fait suite à la mort d'un supporter de Nantes au cours d'une altercation le 2 décembre, avant une rencontre de Ligue 1 entre le FC Nantes et Nice. Une décision dépeinte lundi comme "une véritable atrocité qui limite les droits des Européens" par José Castro, le président du club sévillan. Le Séville FC a par ailleurs annoncé dans un communiqué "présenter un recours urgent, avec l'Association nationale des supporters française" contre cette mesure et affirme que le club "mettra en action toutes ses capacités juridiques et diplomatiques" pour casser cette décision.

De son côté, l'ambassade d'Espagne à Paris a exprimé sa "préoccupation aux autorités française parce que les intérêts des citoyens espagnols pourraient être lésés".

L'entraîneur de Lens, Franck Haise (52 ans, normand d’origine), "regrette" également cette décision. "D'autant plus que les informations ont été tardives." "Le tirage au sort a eu lieu fin août (le 31 août, NDLR), a rappelé l’entraineur en conférence de presse. Les fans de Séville ont organisé non pas un déplacement mais un voyage. Ils sont 300 ou 400, et qu'au dernier moment, on leur dise ‘non’ parce qu'il y a certains problèmes – tous les pays en ont – et qu'on leur dise de rester chez eux, à même pas dix mois des Jeux Olympiques… Mais comment on va faire pour les Jeux Olympiques, si on ne peut pas accueillir 300 Sévillans sur notre sol ?", a-t-il dit.

La prostitution s'en mêle…

C’est le moment choisi par Roxana Maracineanu, ex-championne de natation et ex-ministre des Sports, devenue secrétaire générale de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), à l'occasion de la présentation du 3e plan de lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains à Paris, pour tirer une autre sonnette d’alarme. "Pendant les Jeux Olympiques, la prostitution ne va pas forcément se passer dans la rue, ou en bas des hôtels, vu qu'on a une chaîne hôtelière assez vigilante. Ce qui nous préoccupe, c'est la prostitution logée, à l'intérieur des appartements. C'est pour cela que c'est indispensable d'engager toute la chaîne d'hébergement. Les Gîtes de France sont déjà venus nous voir pour s'engager, en disant qu'ils voulaient faire de la prévention vis-à-vis de leurs hébergeurs. Airbnb va communiquer sur la thématique prochainement. On va mettre en place un système d'alerte via lequel la plateforme – dans le cas d'Airbnb – ou l'intermédiaire entre hébergeur et personnes hébergées puisse signaler à la Miprof les signaux faibles dès qu'ils apparaissent."

Bref, la fête des Jeux commence dans l’angoisse… À suivre…

Alain Dumait (avec l’AFP)

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