Mercredi 10 novembre 2021, de 10h00 à 19h00, le grand public est invité à venir, sous le Dôme doré de l’Hôtel national des Invalides, se recueillir devant la dépouille d’Hubert Germain, dernier des 1.038 Compagnons de la Libération et ultime chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération, créé il y a 81 ans par le général Charles de Gaulle, chef de la France Libre. Durant ces neuf heures, le lieutenant Hubert Germain sera le voisin de Turenne et Vauban, de Napoléon et des maréchaux Foch et Lyautey. Il sera veillé par des soldats, marins et aviateurs des 18 unités Compagnons de la Libération, dont la 13e Demi-brigade de la Légion étrangère dans les rangs de laquelle il a servi, notamment lors de la bataille de Bir Hakeim (mai 1942). Les Français pourront ainsi rendre hommage à Hubert Germain et à ses 1.037 Compagnons constituant, selon le chef de la France Libre, "cette chevalerie exceptionnelle créée au moment le plus grave de l’histoire de France". Des livres d’or recueilleront les sentiments des visiteurs et seront ensuite versés aux archives de l’Ordre de la Libération.
La même cérémonie en 2021 qu'en 1945 pour le transfert au Mont Valérien
Le lendemain, jeudi 11 novembre, se dérouleront les deux phases du transfert du corps d'Hubert Germain vers le Mont Valérien. Avec un cérémonial inspirés du cérémonial des journées du 10 et 11 novembre 1945 voulu par le général de Gaulle, alors président du gouvernement provisoire de la République française. Le général de Gaulle avait en effet choisi la journée du 11 novembre 1945, première célébration de l’armistice de 1918 depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), pour honorer également les Morts pour la France durant ce conflit.
Ainsi, la veille, le 10 novembre 1945, les corps de quinze hommes et deux femmes "Morts pour la France" entre 1939 et 1945 (le seizième, un officier français fusillé par les Japonais, les rejoindra plus tard) furent disposés sous le Dôme des Invalides pour recevoir l'hommage des Français.
Le lendemain, le 11 novembre 1945, les corps portés sur quinze affûts d'artillerie motorisés quittèrent les Invalides pour l’Arc de Triomphe, où les cercueils furent installés en cercle autour du monument. Le jeudi 12 novembre 1970, le cercueil du général de Gaulle, décédé quatre jours plus tôt, avait été porté sur un engin blindé de reconnaissance sans tourelle, sur les quelques centaines de mètres entre la Boisserie et le cimetière de Colombey-les-deux-églises.
A l'Arc de Triomphe, lors d'un discours axé sur le rassemblement de la Nation, le général de Gaulle rendit hommage à ces combattants "tombés sur tous les champs de bataille où –soit dans la lumière, soit dans l’ombre– s’est joué notre destin". Le convoi funèbre rejoignit le Mont-Valérien où les quinze, puis seize "Morts pour la France" reposèrent dans une casemate jusqu’au soir du 17 juin 1960. Ce soir-là, se déroula l’inauguration du mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Les seize corps furent inhumés solennellement dans la crypte autour d’un caveau vide –le caveau n°9– qui attendait depuis la dépouille du dernier Compagnon, selon la volonté du Grand Maître de l’ordre, le général de Gaulle.
Le cercueil d'Hubert Germain sur un engin blindé baptisé "Bir Hakeim"
Jeudi matin, 11 novembre 2021, le cercueil d'Hubert Germain sera porté sur un engin blindé AMX-10 sans tourelle baptisé "Bir Hakeim" et encadré par la grande escorte de la Garde républicaine à cheval, depuis les Invalides sous l’Arc de Triomphe. Son cercueil sera placé face à la tombe de « l’Inconnu », comme l’appelait le général de Gaulle. La différence entre les deux cérémonies de 1945 et de 2021 sera l’arrêt du convoi funèbre d’Hubert Germain, selon sa volonté, au pied des Champs-Élysées, près de la statue du général de Gaulle. Le Président de la République Emmanuel Macron prononcera alors un discours d'hommage avant le départ du convoi funèbre pour le Mont Valérien.
En début d’après-midi, Emmanuel Macron présidera une cérémonie plus intime au Mont Valérien, en présence des personnels de la chancellerie de l’Ordre de la Libération, des 23 Compagnons collectifs (5 villes et 18 unités militaires), des membres du conseil de l’Ordre, des membres de la commission nationale de la médaille de la Résistance Française, des familles de Compagnons, ainsi que de élèves de la ville de Suresnes qui abrite le mémorial de la France Combattante. Le président entrera ensuite, seul, dans la crypte avec Hubert Germain, afin de saluer une ultime fois le dernier Compagnon de la Libération.
Hubert Germain reposera pour toujours entre Georges Brière, matelot au 1er régiment de fusiliers-maris tué à l'âge de 21 ans le 25 novembre 1945 à Giromagny (Territoire de Belfort), et Alfred Touny, résistant fusillé à l'âge de 57 ans en avril 1944 à Arras (Pas-de-Calais). Puis les portes de bronze se refermeront marquant la fin de la geste d'une chevalerie exceptionnelle, celle des Compagnons de la Libération.
Pierre-Marie GIRAUD
Décès d’Hubert Germain, le der des ders des Compagnons de la Libération