"Etats généraux de la justice", un nom ambitieux pour cette initiative lancée par Emmanuel Macron, le 18 octobre 2021. Mais, à six mois de la fin de son mandat, elle est apparue bien tardive pour résoudre les problèmes profonds auxquels la justice est confrontée. Emmanuel Macron venait alors de recevoir les présidents du Conseil supérieur de la magistrature, Chantal Arens et François Molins. Ils lui ont parlé de la "désespérance collective" qui touchait l’Institution, en raison d’un "système à bout de souffle".
Un désarroi accentué par des mises en cause virulentes. Le 19 mai, le représentant du syndicat de policiers Alliance estimait ainsi que "le problème de la Police, c’est la justice", lors d’une manifestation devant l’Assemblée nationale où figurait jusqu’au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
« A la manif’ ! Et après ? » (édito d’Alain Dumait, directeur de L’Essor)
Les magistrats haussent le ton
Face à un tel désaveu, les magistrats ont haussé le ton. Dans une pétition publiée fin novembre 2021 dans Le Monde, 3.000 magistrats et une centaine de greffiers évoquent la souffrance au travail d’une jeune magistrate qui s’est suicidée durant l’été. Ils rappellent le dilemme auquel ils sont confrontés: "Juger vite mais mal, ou juger bien mais dans des délais inacceptables."
Ce mouvement de ras-le-bol intervient alors que le budget de la Justice a augmenté de 30% durant le quinquennat. Mais cette hausse a été en grande partie consacrée à l’administration pénitentiaire et au recrutement de contractuels, et non de magistrats.
Surtout, le niveau de départ était très bas. La France a consacré à la Justice (budgets des tribunaux, ministère public et aide juridictionnelle) 69,50 euros par habitant en 2018, en dessous de la moyenne de 45 Etats membres du Conseil de l’Europe (71,56 euros), et loin derrière un pays comme l’Allemagne (131,20 euros).
Ce qui va changer pour les gendarmes avec la réforme de la justice
Article extrait du dossier du numéro de février 2022.