<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Ces quatre scénarios d’utilisation d’un drone qui doivent inquiéter les gendarmes

Photo :

13 avril 2022 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

Ces quatre scénarios d’utilisation d’un drone qui doivent inquiéter les gendarmes

par | Société

En un peu plus de dix ans, les drones aériens se sont largement démocratisés en France. Comme le rappelle une note récente du Centre de recherche de l’école des officiers de la Gendarmerie, le nombre d’appareils enregistrés dans l’Hexagone a atteint le chiffre de 2,5 millions d’unités en 2021. Des engins qui peuvent également être une menace pour les gendarmes. “La technologie des drones est dite nivelante”, observe Valère Llobet, l’auteur de cette note. Elle place en effet “sur un pied d’égalité les civils, les forces irrégulières et les armées”. “La menace sur la sécurité publique est donc réelle si ces appareils sont utilisés à des fins malveillantes ou en cas d’erreur de manipulation”, résume-t-il. Revue de quelques exemples qui doivent alerter les gendarmes spécialisés dans la lutte anti-drone.

Le drone piégé

C’était l’une des spécialités de l’organisation terroriste Daesh. Ce “proto-État possédait un atelier de fabrication dans lequel il créait des appareils piégés (avec des bombes à minutage) ou kamikazes (équipés de grenades ou de charges explosives)”, rappelle Valère Llobet. Des militaires français en ont fait l’amère expérience début octobre 2016. 

Deux commandos parachutistes de l’air avaient été grièvement blessés, tandis que deux combattants kurdes trouvaient la mort, à la suite de l’explosion d’un drone, à Erbil, en Irak. Si les circonstances précises de l’attaque n’ont pas été divulguées, le quotidien Le Monde signalait que les militaires “auraient intercepté le drone avant que celui-ci explose à terre”. “Un scénario d’attentat utilisant des munitions vagabondes n’a plus rien d’un fantasme, au même titre que des attaques d’essaim ou de meute de drones pour saturer une zone sensible”, signale Valère Llobet.

La tentative d’assassinat

En août 2018, alors que le président Nicolas Maduro délivre un discours à l’intention des militaires de la Garde nationale bolivarienne, un sérieux incident se produit. Deux drones font irruption. Le premier explose au-dessus des militaires, tandis que le second s’écrase contre un immeuble. Selon les autorités vénézuéliennes, deux drones DJI Matrice 600 lestés d’explosifs C4 ont été utilisés dans cette attaque visant à assassiner Nicolas Maduro. Leur trajectoire aurait toutefois été perturbée par des inhibiteurs de signal radio.

Il y a quelques mois, un mode opératoire similaire a visé le premier ministre irakien Mustafa al-Kadhimi. Si deux des trois drones attaquants avaient été abattus, un dernier drone chargé d'explosifs a attaqué le logement du chef du gouvernement. Un risque d’assassinat qui est d’ailleurs boosté par le potentiel couplage d’un drone avec un système de reconnaissance faciale, remarque Valère Llobet. Ce qui transformerait de simples appareils civils “en armes pouvant cibler avec précision n’importe quel individu”. Sans d’ailleurs qu’il soit besoin de les lester d’explosif: leur simple vitesse pourrait en faire une arme létale.

La tentative d’évasion

Les drones pourraient également servir à faciliter une évasion d’un centre de détention. L’utilisation de tels engins volants a déjà été déplorée, comme en août 2021 à Nîmes. Un drone transportant des lames de scies, des câbles de téléphone et des accessoires de chicha s’était alors écrasé dans la cour de la maison d’arrêt. Dans l’Hérault, c’est l’une des deux pistes privilégiées à la suite de l’arrestation d’un homme en possession d’un drone et de pains d’explosifs. Outre la piste d’un assassinat sophistiqué, les enquêteurs s’interrogent sur un éventuel projet d’évasion.

L’accident fatal

Pour l’instant, les rares incidents vérifiés n’ont heureusement pas conduit au pire. Mais pour combien de temps? On peut en effet craindre qu’un jour, une utilisation inappropriée d’un drone ne conduise à un sérieux incident. C’est d’ailleurs pour cette raison que le vol des drones est prohibé dans toute une série d’espaces, comme à proximité des aéroports. Ainsi, au Canada, un avion Cessna avait heurté un drone. Un choc occasionnant, selon la presse locale, “des dommages importants” et un impact sur l’hélice. En 2017, un drone était également entré en collision avec un hélicoptère de l’armée américaine survolant New-York, sans visiblement faire de dégâts. Mais, rappelle Valère Llobet, une collision avec un avion de ligne ou un hélicoptère pourrait un jour “avoir rapidement des conséquences dramatiques”.

Lutte anti-drones, logiciel d’aide à la décision, drone d’assistance aux investigations criminelles… Trois innovations qui vont intéresser les gendarmes présentées au Salon Milipol 2021.

Registre :

La Lettre Conflits

La newsletter de l’Essor de la Sécurité

Voir aussi